Lambiotte-Prémery, avril 2015






De nombreuses friches ont vu se succéder des entreprises dont il est important de conserver la mémoire. Les collectivités développent peu à peu des bases de données et cartographies spécialisées. En France, deux bases de données BASIAS et BASOL remplissent plus ou moins ce rôle. Des collectivités particulièrement concernées telles que par exemple Lille-LMCU, située dans le département le plus riche en friches, travaillent aussi sur ces questions, avec les services d'archives départementales, les établissements publics fonciers, les archives du monde du travail.
Les poblèmes liés aux friches sont différents selon le paysage et le contexte, mais les friches industrielles restentsouvent issues d'industries ou d'activité polluantes. Il est fréquent que des déchets dangereux y aient été oubliés ou cachés et soient une source durable de pollution des sols. Les friches issues de sites de sous-traitance mal repérée dans les bases de données (telles que BASIAS ou BASOL en France) peuvent aussi conserver des pollutions ou objets dangereux : transformateurs au pyralène, explosifs, etc.
Le recensement n'est pas achevé, mais rien que dans l’Europe des 15, le nombre de sites pollués a été estimé à 1 400 000 environ, essentiellement à la suite des activités minières, pétrolières, carbochimiques et pétrochimiques, sidérurgiques, des cokeries, de la chimie fine.
Les polluants les plus fréquemment retrouvés sont des métaux lourds et métalloïdes (cuivre, zinc, plomb, cobalt, nickel, arsenic, cadmium...), des hydrocarbures légers (fuel, essence, gazole) et lourds (lubrifiants, huiles lourdes, pétrole brut), des solvants halogénés, et diverses molécules organiques (hydrocarbures aromatiques polycycliques, etc.) sans oublier également la présence d'amiante dans la construction des bâtiments.
Des composés organiques sont trouvés dans près de 75 % des sites pollués et il est permis de supposer que des polluants nouveaux comme des nanoparticules ou autres bactéries seront de plus en plus présents dans certaines nouvelles friches.
Certaines friches, carrière, gravières, catiches, correspondent à des activités relativement peu polluantes, mais - parfois sous prétexte de mise en sécurité et requalification paysagère - elles ont parfois laissé des cavités qui ont été comblées par des déchets industriels riches en polluants.
La dépollution des friches est coûteux. Un premier problème est celui de la responsabilité et du transfert de responsabilité quand il y a vente. Souvent la responsabilité ne peut être clairement établie, et le principe pollueur-payeur ne s'applique alors pas, ou le pollueur a disparu ou n'est pas solvable.
Les friches sont généralement plus nombreuses aux abords des canaux, voies ferrées, sites miniers et bassins houillers ou pétrolifères, et sur les ports. Les entreprises y avaient souvent des puits et forages, ou des décharges internes, qui souvent permettent un contact direct de polluants avec la nappe. Elles sont souvent une source durable de pollution de l'eau.
Il est fréquent que tout ou partie des archives d'usines ou ateliers devenus des friches industrielles aient été détruites ou perdues. Une même friche a pu avoir été occupée par des entreprises successives et aux activités différentes depuis la première activité. Les polluants et séquelles peuvent alors interagir de manière complexe.
 
Depuis le milieu des années 1980, les décideurs en matière de planification et aménagement du territoire en Amérique du Nord et en Europe ont accordé une attention croissante à la requalification des friches industrielles et d’espaces sous-utilisé en zones urbaines, d'abord pour des usages industriels, commerciaux ou résidentiels qui offraient des avantages économiques apparents, via les taxes locales, d'autres recettes fiscales et/ou des emplois. Cependant il y a eu depuis 1990 une demande croissante de la population, des ONG et de certaines collectivités de dépolluer et faire de ces friches industrielles des parcs, terrains de jeux, sentiers, voies vertes et autres espaces ouverts. Dans quelques cas, les bâtiments et certaines machines ont été valorisés ; transformés en musée, logements, école, université, par exemple.
En France, la loi de programmation du 3 août 2009, devant mettre en œuvre le Grenelle de l’environnement, doit faciliter la valorisation de ces friches pour notamment les transformer en éco-quartiers ex : Zone de l'Union sur Roubaix, Tourcoing…
Dans le Nord-Pas-de-Calais, l'association la Chaîne des terrils, le Conseil régional et les communes minières depuis les années 1990 cherchent à intégrer le réseau des cavaliers (anciennes voies ferrées des houillères), les terrils et une partie des friches minières dans la Trame verte et bleue régionale. C'est ainsi que les terrils jumeaux préservés du 11/19 à Loos-en-Gohelle, terrils les plus haut d'Europe, sont devenus les symboles d'un développement durable qui veut se construire sur les ruines du développement non durable.
Des approches pluridisciplinaires sont nécessaires pour traiter des friches et de leurs impacts différés. La plupart des pays industrialisés ont mis en place, avec l'aide des collectivités et d'agences spécialisées des dispositifs d'information, d'aide et de conseil aux acteurs, responsables et riverains de sites pollués.

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