Les mariniers allaient de tavernes en tavernes pour boire et jouer aux cartes. Alors, quand ils rentraient aux Patureaux rejoindre leurs bateaux, il ne fallait pas les croiser en chemin. Les querelles étaient fréquentes, et les filles qui se donnaient entre les piles de bois du quai de Médine ne facilitaient pas les choses. Entre le grand pont de Loire et le pont Mal placé, qui enjambait la Nièvre, ce n’était pratiquement que des cabarets. L’auberge du Pont-de-Loire, le Soleil Levant, les Trois Raisins et le Petit Matelot, les plus importants, se disputaient la clientèle. Tout à côté du pont, il y avait cependant un établissement qui sauvait la réputation du port de Nevers : l’Hôtel Saint-Louis. Celui-ci hébergeait des marchants et des armateurs qui savaient quand même, mais avec peut-être plus de retenue, jouer et boire tout en lorgnant les belles dames.
Parfois les mariniers allaient jusqu’en ville pour trouver des filles folles de leur corps, comme on disait joliment à l’époque. En 1861, les échevins avaient bien acheté, rue Claude – cela ne s’invente pas – une maison spécialement pour les loger, mais elles étaient restées très nombreuses dans les rues de Nevers.
Cf/ Ma Loire, Hubert Verneret – Camosine n° 156
C'est d'ici, sous la verrière du Pavillon des Sources, près des deux fontaines roses, qu'opéraient les Donneuses d'eau.
Toutes, n'étaient pas aussi jolies que Charlotte, peinte en 1908 par William Godward, dans son seyant sarrau à l'antique couleur safran.
Toutes, n'étaient pas non plus aussi dévêtues que le charmant modèle, perché sur son tabouret, représenté par luis Falero.
Mais les Donneuses d'eau se devaient toujours d'être aimables et souriantes avec les curistes.
Pleines d'attention, elles offraient aux visiteurs de passage un gobelet ou une coupe d'eau curative et bienfaisante.