L'État achète plusieurs collections de ces albums, de cinq à quatorze selon les années. On en connaît les destinataires par une unique liste établie à l'occasion du Salon de 1880. Du ministre de l'Instruction publique au sous-chef du bureau du Personnel et des Travaux d'art, les destinataires sont au nombre de huit, auxquels s'ajoutent deux services : la bibliothèque de l'École nationale supérieure des Beaux-arts et la bibliothèque de l'administration des Beaux-Arts, ce dernier service n'est pas identifié. Actuellement, cinq institutions - au moins - possèdent une ou plusieurs collections de ces albums : - les Archives nationales conservent une collection de neuf albums, des années 1864 à 1868, 1872, 1875 à 1877 et une autre de trente-trois volumes des années 1864 à 1901.
Il manque, dans cette dernière, les années 1885, 1889, 1892 et 1896, le Salon de 1871 n'ayant pas eu lieu, enfin l'album de 1886 est en double exemplaire, - la Bibliothèque de l'École nationale supérieure des Beaux-arts possède deux collections : l'une de quatorze albums, l'autre de trente-quatre, de 1864 à 1901. Ces deux collections confondues forment l'ensemble le plus complet d'albums des Salons, il n'y manque que les albums de 1879 et 1889. On ne s'en étonnera pas quand on sait que l'École est le seul service conservant actuellement des albums, à figurer sur la liste des destinataires de 1880, - enfin, la Bibliothèque nationale conserve une collection de huit albums, la Bibliothèque centrale des musées nationaux, une collection de douze exemplaires, et la bibliothèque du Musée d'Orsay une collection de sept exemplaires. La consultation des inventaires de ces services permet rarement d'identifier les services versants plus précisément que le " ministère des Beaux-Arts " ou l' " administration des Beaux-Arts ".
Vues d’ateliers d’artistes actifs à Paris autour de 1890-1910, conservés à la bibliothèque de l’INHA (fonds de la bibliothèque d’Art et d’Archéologie Jacques Doucet).
Achetés en 1958 par la bibliothèque pour la somme de 30.000 francs, ces 4 albums regroupent 94 vues d’environ 70 ateliers différents. On y trouve des vues d’ateliers d’artistes encore célèbres : à coté de William-Adolphe Bougereau, par exemple, figurent nombre d’artistes désormais oubliés comme Gustave Courtois (1853-1923). Numérisés depuis 2010, toutes ces photographies sont disponibles sur la bibliothèque numérique en ligne de l’INHA…
Ces photographies représentent un témoignage visuel des goûts de l’époque et, finalement, tout ces ateliers finissent par se ressembler. La mise en scène est bien entendu posée et l’artiste y figure en bonne place généralement devant son chevalet, devant ses œuvre accrochées aux cimaises. Outre l’ameublement Henri II-seconde Renaissance, les photographies nous renseignent aussi sur le processus de création, parfois sur l'oeuvre en cours avec la présence assez rare d’un modèle, d’un visiteur… Ainsi, la vue de l’atelier de Théodore Ralli, nous indique l’importance de la photographie comme outil documentaire, indispensable complément aux plâtres et autres objets originaux ou non comme des armes, animaux empaillés, bijoux, sans oublier les incontournables tentures.
Atelier Théodore Rally, Gustave Courtois, Ignace Spiridon