lundi 25 novembre 2024

La valeur de l'Art

Le 25 octobre 2024, une simple banane, accrochée par du ruban adhésif sur un mur chez Sotheby's à New York, a été vendue 6,2 millions de dollars.
Il s'agit d'une interrogation conceptuelle et physique de l'italien Maurizio Cattelan sur la notion d'art et sa valeur.

Justin Sun, fondateur de la plateforme de cryptomonnaies Tron, en est devenu l'heureux acquéreur, il explique :
"Ce n'est pas juste de l'art. Cela représente un phénomène culturel qui crée des ponts entre les mondes de l'art et la communauté des cryptomonnaies". L'entrepreneur originaire de Xining, en Chine, a promis de "manger la banane pour en faire une expérience artistique unique et honorer sa place à la fois dans l'histoire de l'art et de la culture populaire".
Il ne mentionne pas de quelle culture populaire il s'agit ? Mais il aurait dû ajouter :
L’homme reste et demeure un singe, il aime donc la banane ! Les riches, leurs galeries, leurs critiques ne font pas exception.
Le Chinois a prévu, peut-être par défi, de tout simplement manger la banane. En cela, il se distinguera et, surtout, il s’affranchira peut-être de sa pernicieuse et trop grande dépendance occidentale.
Le trentenaire, originaire de Chine, s'était déjà distingué en acquérant en 2021 une sculpture d'Alberto Giacometti, "Le Nez", pour 78,4 millions de dollars.

La présentation iconoclaste et provocatrice de Cattelan, qui existe en trois exemplaires, est censée poser la question de la valeur de l'art. Elle a fait parler d'elle depuis sa première exposition en 2019 à Miami, où un autre artiste l'avait mangée pour dénoncer son prix, à l'époque 120.000 dollars. Un autre exemplaire a été donné au musée Guggenheim de New York.
Sotheby's avait fixé son estimation entre 1 et 1,5 million de dollars. Les conditions de la vente prévoient que l'acheteur se voie remettre un certificat d'authenticité et un mode d'emploi pour remplacer le fruit, forcément périssable. Comedian, c'est-à-dire la banane, s'inscrit après plus d'un siècle, dans la démarche de Marcel Duchamp et de son Porte-bouteilles, elle n'a tout de même pas atteint le prix de 121 millions de dollars adjugé la veille, cette fois chez Christie's, pour "L'empire des lumières", une peinture emblématique de René Magritte.

La valeur de l'art et ses enchères renvoient immanquablement à la première bulle spéculative de l’histoire qui éclate en Hollande, en février 1637, avec une forte spéculation sur les tulipes, au cours de laquelle des bulbes de tulipes s’échangeaient au même prix qu’une belle maison à Amsterdam.
Selon l'idée nommée "The Greater Fool Theory", la théorie du plus fou, les investisseurs achètent un titre même s’ils pensent qu’il est surévalué, car ils présument qu’un autre individu, encore plus fou, s'en portera acquéreur. Comme aujourd'hui, le mécanisme fonctionne et les prix augmentent jusqu’à atteindre "le plus grand fou". Dès lors, la bulle éclate et plus personne ne se porte acquéreur.



Le primate n'aime pas que la banane, il aime aussi la femme !


L'Allégorie de l'art contemporain ou le combat des influences - Tribute Frémiet

L'influençable anthropoïde, sous le regard et avec l'accord tacite du petit ministre interchangeable, essaie en vain de tordre le cou à l'art académique.
L'art contemporain qui repose sur l'immatériel concept et l'éphémère au détriment de la peinture, pense gagner le combat grâce au soutien des institutions... La peinture académique, son exact contraire, connut effectivement une mise à l'écart d'au moins un siècle, les œuvre ont été décrochées des cimaises des musées, mais comme là il restait une trace tangible, de surcroît populaire, alors elles ont été raccrochées.
Qu'en sera t-il pour l'art contemporain ? On peut raisonnablement penser, à plus ou moins long terme, qu'il n'en restera rien ou presque, si ce n'est ces allégories.