mardi 7 octobre 2025

Vanitas vanitatum - Le tableau dans l'Image photo

 Exposition virtuelle Marc Vérat

Le tableau dans l'Image photo
Publié par éducation-programme

L'intérieur était bourgeois, ou parfois modeste, mais généralement soigné et bien tenu. Il faisait même la fierté de la maîtresse de maison.
Mais on demeure bien peu de chose. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? De son buffet Henri II, bien encaustiqué et que l'on trouve désormais chez Emmaüs pour 50 euros.

Le lieu a figé dans le temps la vie des anciens occupants. On y trouve, créant une atmosphère à la fois nostalgique et étrange, encore quelques meubles poussiéreux, des objets du quotidien, des photos, des vêtements et, aux murs, des tableaux de petits maîtres.
Le canapé est recouvert d’un drap, la télévision est encore à tube cathodique ; dans la cuisine des restes de vaisselle reposent sur l’évier en compagnie de bocaux, d'un frigo ouvert et rouillé, d'une table plus ou moins bancale.
Dans la chambre le lit est défait, l'armoire ouverte contient divers objets et des habits démodés.
Tout, finalement, exprime le caractère vain, illusoire, ou éphémère des choses humaines.
Dans l’art, surtout au XVIIᵉ siècle, une Vanité représente un genre de peinture symbolique, souvent une nature morte qui rappelle la fragilité de la vie et la futilité des biens terrestres. Tout passe, seule la mort est certaine "Vanitas vanitatum, et omnia vanitas".
Ici, il s'agit en quelque sorte par cette exposition virtuelle de rappeler la réalité de cet implacable constat.






















Depuis une cinquantaine d'années en France, l'art dit contemporain est devenu la tendance officielle prônée par un État qui écarte notamment et remarquablement la peinture figurative. Selon l'expression laconique cette orientation peut se résumer à montrer "un art sans art", une idée, comme souvent, qui vient directement des États-Unis.
Cette exposition de peintures ne peut donc exister que sous forme virtuelle, sur d'improbables cimaises.

Blog sur l'art contemporain, les Centres d'art et la critique

mardi 30 septembre 2025

Mort de Sarah Brown

La vie à Paris : 1880-1910 / Jules Claretie

Les mascarades qui s'apprêtent manqueront d'une importante figurante, de cette étrange fille rousse dont les journaux ont annoncé la mort par un entrefilet spécial, comme s'il s'agissait d'un personnage officiel.
Ce n'était pourtant qu'une pauvre créature, tapageuse et bonne, qu'une folie de Carnaval, le Bal des Quat'z'arts, avait mise en lumière, et qui, un moment, aux jours d'émeute dans le quartier latin, avait été comme une sorte de Théroigne de Méricourt, mais une Théroigne qui ne voulait la mort de personne.
N'est-ce pas Sarah Brown qui, lorsqu'on l'arrêtait, sautait lestement sur les épaules du sergent de ville et se laissait mener au poste dans l'attitude d'un débardeur de Gavarni à cheval sur le cou d'un Malin de la Halle ? Elle pouvait sauter ainsi lestement, la jolie fille. Elle avait été jadis écuyère ou clownesse.

Sarah ignorait ou elle était née, en Hongrie, en Belgique ou sur un bateau, en pleine mer.
Dans l'atelier de Jules Lefebvre ou de Rochegrosse, lorsqu'on lui en parlait, elle disait gaiement : « Je ne sais pas ! Car Sarah Brown était modèle. C'est elle que M. Jules Lefebvre a représentée dans la splendeur de son corps de marbre dans cette Lady Godiva promenée nue sur un cheval par les rues de la vieille ville. Il avait encore, d'après Sarah Brown, peint une exquise Clémence Isaure. Elles sont tour à tour des déesses et des muses, ces filles folles, si tôt disparues. Mais le portrait véritable de Sarah Brown existe au musée de Caen, c'est un pastel de Lucien Doucet, qui a précédé de si peu dans la mort son modèle, un envoi de Rome qui fit sensation et que le jeune peintre avait exécuté d'après Sarah Brown.
Ce nom, Sarah Brown, semble forgé pour le roman. Celle qui le porte est-elle morte, comme on l'a dit ?
Et d'où vient que l'annonce de cette disparition, maladie ou suicide, a tant frappé les indifférents ?
C'est que la belle fille qui passe inspirant à l'artiste son oeuvre d'art nous donne la sensation d'être comme une sorte de collaboratrice du tableau ou de la statue.
Si le peintre ou le sculpteur donne son talent, elle apporte sa beauté. Elle est, par la forme achevée, une poésie vivante.

Étudiants, nous suivions des yeux la jolie statuette dont Gérôme, autrefois, avait tiré parti dans sa Phryné devant les juges. Celle qui avait conservé ce nom, Phryné, évoquait à la fois pour nous et l'œuvre du maitre présent et l'image de la païenne disparue. Sarah Brown devait être, pour les jeunes d'aujourd'hui, ce qu'était pour notre génération cette Phryné, morte à l'hôpital, comme tant d'autres.
Mais Sarah Brown est-elle morte ? Ne va-t-elle point reparaître, dans son éclat et ses cris, sur quelque char de carnaval, auréolée de confetti, dans le défilé qu'on prépare ? Elle était bizarre, inquiète, insouciante, inconsciente, très bonne, nous disait Jules Lefebvre.
Sa résurrection soudaine serait une originalité nouvelle.

Les Goncourt, dans leur Manette Salomon, nous ont montré le modèle rapace et la beauté morbide. Il en est aussi, il en est encore qui se dépensent sans compter, qui jettent au vent leur jeunesse, comme à brise leurs cheveux dénoués, blonds ou roux, qui demandent à la vie peu de jours, vident et brisent rapidement le verre levé, et, fières et folles de leur corps à la fois, disent en riant, reconnaissantes envers la nature de ce qu'elle a fait pour elles :
Nous aurons eu l'existence courte. Courte et bonne ! Eh bien peintres, sculpteur, poètes, nous vous offrons notre beauté qui passe ; donnez-nous, en revanche, si vous pouvez, l'immortalité.

Courte mais bonne ? Pas toujours. S'il n'y a pas d'heures sans rires, il y a des jours sans pain. Mais elles n'y pensent guère et, au bout du fossé, la culbute. Mais c'est quelque chose après tout que de laisser de soi une image exquise, jeune éternellement, d'une éternité de poussière, dans un coin de musée de province.








jeudi 25 septembre 2025

L'image tableau dans l'Image photo
Publié par éducation-programme

Depuis une cinquantaine d'années en France, l'art dit contemporain est devenu la tendance officielle prônée par un État qui écarte notamment et remarquablement la peinture figurative. Selon l'expression laconique cette orientation peut se résumer à montrer "un art sans art ", une idée, comme souvent, qui vient directement des États-Unis.
Cette exposition de peintures ne peut donc exister que sous forme virtuelle, sur d'improbables cimaises.

Blog sur l'art contemporain, les Centres d'art et la critique












Plaidoyer pour l'Image

L'Image, sous peine de ne paraître qu'une décoration, ne peut pas être totalement abstraite.
La légitimité et la puissance de l’image, en particulier dans des contextes où elle se trouve remise en question, comme par exemple dans l'art dit contemporain, ou par rapport au texte, à la parole, reste encore et toujours d'actualité.
Longtemps reléguée au rang de simple illustration ou accusée d’illusion, l’image mérite aujourd’hui d’être défendue pour ce qu’elle est : un langage à part entière, porteur de sens, de vérité et d’émotion, de surcroît directement intelligible par le plus grand nombre.
L’image est un vecteur d’expression universel. Elle traverse les langues, les cultures, les époques. Une photographie, un tableau de maître, une affiche de rue peuvent émouvoir, révolter, éveiller les consciences sans un seul mot. Là où le langage verbal peut diviser ou exclure, l’image rassemble.
Accusée parfois de manipuler, l’image n’est pas mensonge en soi, elle n'est qu'interprétation. Tout comme un texte peut tromper ou révéler, l’image dépend de celui qui l'a conçue mais également de celui qui la regarde.
Elle peut résumer un message complexe, frapper les esprits plus vite que mille discours.

Comprenons donc l’image comme un complément souvent nécessaire du texte. Non comme une illusion, mais comme une autre forme de vérité. Une vérité qui se voit, se ressent, s’imprime dans les mémoires.
"Ne méprisez pas les images. Elles sont bien plus que des distractions. Elles parlent, elles enseignent, elles bouleversent, elles construisent notre vision du monde. À condition d'apprendre à les lire, elles deviennent un outil de liberté."

Plaidoyer pour l’image selon ChatGPT : la puissance d’un langage silencieux

À l’heure où les mots envahissent nos écrans, nos journaux, nos discours politiques, il est temps de redonner à l’image la place qu’elle mérite. Trop souvent considérée comme un simple complément décoratif au texte, elle est en réalité un langage à part entière. Loin d’être une menace pour la pensée, l’image en est un formidable vecteur. C’est pourquoi je plaide ici en faveur de l’image, pour reconnaître son rôle essentiel dans la transmission des émotions, des idées et des savoirs.

L’image transmet des émotions immédiates et universelles
L’image a un pouvoir émotionnel direct que les mots mettent parfois du temps à atteindre. Un regard photographié, une peinture de guerre ou une affiche de campagne peuvent bouleverser sans qu’une seule phrase soit prononcée. Contrairement au langage verbal, qui nécessite une traduction et une interprétation culturelle, l’image parle à tous. Elle touche, elle frappe, elle fait ressentir. C’est pourquoi les artistes, les journalistes et même les militants s’en servent pour éveiller les consciences.

L’image est un outil de connaissance et de mémoire
L’image ne sert pas qu’à illustrer, elle enseigne. Dans les manuels scolaires, les schémas, les cartes, les œuvres d’art apportent un savoir que les textes seuls ne sauraient rendre aussi clair. L’image rend le monde visible, compréhensible. Elle structure la pensée visuelle, souvent négligée dans l’éducation. De plus, elle conserve la mémoire collective : sans les peintures rupestres, que saurions-nous des hommes préhistoriques ? Sans les photos d’époque, comment témoigner des grandes tragédies ou des moments d’espoir ? L’image est une trace, un document, une preuve.

L’image est un acte, une prise de position
On croit souvent que l’image est passive, qu’elle se contente de montrer. C’est faux. Créer une image, c’est choisir un point de vue. Chaque cadrage, chaque couleur, chaque composition est une décision qui oriente le regard. L’image peut dénoncer, critiquer, interroger. Les caricatures politiques, les affiches engagées, le cinéma documentaire ou la photographie sociale ne sont pas neutres : ce sont des prises de position. Ignorer ce pouvoir, c’est se priver d’un langage d’engagement.
Certains diront que l’image ment, qu’elle manipule les foules plus facilement que le texte. Il est vrai que dans une époque saturée de visuels, entre publicité, réseaux sociaux et deepfakes, l’image peut être détournée. Mais cela ne signifie pas qu’il faille la rejeter. Au contraire, il faut éduquer le regard, apprendre à lire les images comme on apprend à lire un texte. Ce n’est pas l’image qui ment, mais l’usage qu’on en fait.

Conclusion
En fin de compte, défendre l’image, c’est défendre un autre mode de pensée, plus sensible, plus immédiat, plus universel. Ce n’est pas opposer l’image au texte, mais reconnaître leur complémentarité. Dans un monde où le visuel est omniprésent, savoir lire, créer et comprendre les images reste une compétence essentielle. C’est pourquoi l’image mérite non seulement notre attention, mais aussi notre respect. Elle n’est pas un simple ornement mais un langage. Et comme tout langage, elle mérite d’être entendue.