vendredi 16 août 2019

Contre-culture et cultural power


« cultural power », un bel exemple :

Dès 1946, le ministère des Affaires Étrangères des États-Unis participe au financement de deux grands programmes d'expositions de peintures, vitrine de l'excellence de l'Art américain, amenées à voyager en Amériques du Sud et surtout en Europe.
Afin de promouvoir ladite excellence, le sénateur Fullbright établit un programme de bourses qui permet à des milliers d'intellectuels d'effectuer le « Grand tour » américain pour admirer sa richesse culturelle. Il s'agit d'affirmer et d'établir l'émergence d'une nouvelle école spécifiquement américaine, c'est-à-dire l'Expressionnisme abstrait avec J.Pollock, M.Rothko, A.Gorky...
Cette école sera soutenue par des fondations, des musées, comme Le Rockefeller Brother Fund ou le Musée d'Art Moderne de New-York.
Aujourd'hui le concept remplace la Peinture et toute forme d’objet, pour suivre l'idée de Marcel Duchamp, peut devenir artistique si le monde de l’art le présente comme tel, avec grands renforts de textes, de théories et de marketing culturel.

Alors face au « cultural power », la nécessité d'une « contre-culture », d'un Manifeste ?

Une proposition de « Contre-culture », avec d'improbables nus académiques peints présents dans un Centre d'art contemporain. Le modèle peint préfère se détourner des Installations du Centre et focaliser toute son attention, à défaut d'autre Performance, par exemple sur l'image de son beau fessier...

















  





  

















  























lundi 12 août 2019

Contre-culture et Centre d'art contemporain


LE LIT DE TRACEY

Une illustration aussi parlante qu'amusante des voies ambiguës et tortueuses de la reconnaissance, qui montre que le Libéralisme peut aussi soutenir les mêmes formes d'art que les administrations publiques.
L'art contemporain se situe quelquefois étonnamment proche de la mise en scène, mais naturellement sans jamais atteindre les moyens d'Hollywood. L'installation-mise en scène-performance, le plus souvent dépouillée et composée d'objets hétéroclites, constitue encore à l'heure actuelle la condition sine qua non permettant d'obtenir une distinction.

En octobre 1999, The Guardian relate :
Tracey a été appelée d'urgence à la Tate Gallery de Londres pour réinstaller son lit. Un lit aux draps tachés par l'urine, auprès duquel on trouve une petite culotte maculée de sang, un test de grossesse, des préservatifs usagés, des plaquettes de pilules contraceptives, des bouteilles de vodka et des serviettes hygiéniques. Dans ce lit, Tracey Emin a vécu huit jours très pénibles après avoir été laissée par son ami. Comme exutoire, elle décida alors de le conserver, tel quel, sous forme d'installation, pour ensuite le proposer au Turner Art Prize et remporter le prix de 200 000 F.
My Bed, d'après les personnes autorisées du musée est une oeuvre forte, de vérité, qui souligne une « innocence sous-jacente »... Mais ce point de vue n'a semble-t-il pas totalement convaincu les deux artistes chinois qui, ce dimanche 24 octobre à la Tate Gallery, ont malicieusement sauté sur My Bed pour engager une bataille de polochons.
Le prestigieux prix Turner est régulièrement réévalué. En 2001, un chèque de 300 000 F a récompensé la réalisation d'art contemporain jugée la plus séduisante de l'année.
C'est Martin Creed qui remporte le célèbre prix. Son oeuvre montre une pièce avec quatre murs blancs et, au plafond, l'incontournable néon qui s'allume et s'éteint toutes les cinq secondes. L'installation s'appelle très justement "The Light Going On and Off". Un panneau explicatif stipule que l'oeuvre a été réalisée par un artiste issu d'une des écoles d'art les plus réputées de Londres.
Cette année là, le jury composé notamment du directeur de la Tate et d'un conservateur du MoMA à New York, a délibéré pendant cinq heures pour tomber unanimement d'accord : le court-circuit de Martin Creed est une proposition « audacieuse, ambitieuse et rafraîchissante ». Habituellement, c'est le discours qui sauve ce type de démarche minimaliste. Mais Martin Creed n'en a pas. Quand on lui a demandé d'expliquer son oeuvre, il a répondu laconiquement que c'est tout simplement ce que l'on voit : une lampe qui s'allume et qui s'éteint.
"ll est possible que cette installation ne dise rien, mais elle sera toujours aussi intéressante que des films sans scénario et des planches en bois", rapporte circonspect The Times à propos des autres oeuvres concurrentes.
Charlotte Prodger, primée en 2018, a ainsi reçu la somme de £25 000, soit environ 28 000 € et a également été choisie pour représenter l’Écosse à la Biennale de Venise.