jeudi 27 novembre 2014

Le Parc Saint-Léger

Outre un panorama photographique du Parc Saint-Léger de Pougues-les-Eaux, les "images" des pages qui suivent ont été composées à partir des peintures "fin de siècle" de peintres académiques, aujourd'hui encore déconsidérés et souvent tombés dans l'anonymat. On aperçoit sur quelques compositions l'île du plasticien contemporain Xavier Veilhan, plutôt bien intégrée au site, et propriété du département de la Nièvre. Le Parc Saint-Léger abrite également un Centre d'Art Contemporain dans l'ancienne usine d'embouteillage des eaux de source ainsi qu'un Casino.
26 août 1632 : édit du roi Louis XIII
"Par ordre du Roy, commandons à Bouvard, surintendant général des Eaux minérales de France, de faire transporter les Eaux de la source Saint-Léger en bouteilles cachetées de cire rouge, afin que ces Eaux estant portées fidèlement, les malades puissent jouir des dons et grâces espéciales que Dieu leur a desparties."
26 février 1745 : arrêt du Conseil du Roi Louis XV
"Le transport des Eaux de la source Saint-Léger doit se faire dans des bouteilles de verre, double de pinte, mesure de Paris. Les bouteilles coéffées, bien ficelées, sont cachetées des armes du Roi et du cachet ordinaire du médecin intendant."
Aux expositions universelles de 1878 et 1889
L'eau de source Saint-Léger de Pougues-les-Eaux sera la seule et unique classée hors concours. cf/ F.Cario
Extraits de la conférence du professeur Landouzy (Reims 1848 - Paris 1917), Membre de l'Académie de médecine et des sciences, Commandeur de la Légion d'honneur.
Le professeur Landouzy est à l'initiative d'une tournée dans les villes d'eau. Au cours de ces voyages, qui ont été suivis par de nombreux médecins, le professeur a su mettre en relief les puissantes qualités de nos eaux et appeler sur elles l'attention.




La gentilhommière du Parc Saint-Léger
Elle accueille en résidence de jeunes artistes de tout pays, mais leurs créations - ou plutôt leurs « pièces » pour reprendre un vocable plus à la mode - doivent impérativement s’inscrire dans un esprit conceptuel et minimaliste.
"La résidence est un pôle structurant au centre d’art, elle en constitue sa singularité et sa force. Pour quelques semaines ou quelques mois, les artistes viennent pour expérimenter, produire une pièce ou préparer une exposition. La résidence est un formidable outil d’intégration de la création artistique sur un territoire et doit se concevoir comme un moment vivant, habité, qui multiplie les occasions d’échanges fructueux, à la fois pour les artistes et pour le public.
NB : Le Centre d’art n’accepte pas de demandes de résidence en candidat libre, les résidences se font dans le cadre d’une invitation."
Depuis octobre 2007, le Centre d’art propose deux fois par an des résidences de trois mois dédiées à la jeune création.
Le Parc Saint-Léger souhaite repérer, soutenir, produire et diffuser les pratiques émergentes françaises et européennes. En s’engageant dans la production mais également en favorisant un accès aux réseaux nationaux et internationaux, le Centre d’art entend mettre à disposition des jeunes artistes des moyens techniques et humains opérants et demeurer attentif à la singularité de leurs démarches.


La montée aux tilleuls - d’après Madeleine Lemaire - qui mène à Bellevue, mais ici plus de café-terrasse... Il ne reste désormais qu'un vestige rouillé d'ossature métallique avec, éparpillés en contrebas, quelques morceaux de balustres.
« Nulle part en France, jusqu’à ce jour, on ne s’était comme ici à Pougues préoccupé d’organiser la technique de la marche de façon à ce que le malade puisse, en se promenant, faire de la thérapeutique et de la gymnastique pulmonaire, cardiaque, comme Monsieur Jourdain, sans le savoir. Grâce à Pougues-Bellevue, la cure est ici organisée. »
La peinture académique peut être rapprochée au mobilier de style Henri II. A savoir : Présente dans de nombreuses familles bourgeoises Fin de siècle - Pour les plus aisées sous forme de tableau "petit-maître", pour les autres sous l’aspect d’une reproduction plus ou moins luxueuse de la Maison Goupil et Cie. La Naissance de Vénus, version Cabanel ou Bouguereau, tient une place de choix dans le goût d’alors.
Aujourd’hui, le buffet Henri II et son complément, même bradé, ne trouve guère preneurs et les reproductions de la Maison Goupil ne se vendent plus qu’au prix du cadre…
Néanmoins, les "petits-maîtres pompiers", se sont incontestablement revalorisés, quant aux "grands", les Bouguereau, Gérôme, Lefebvre…, ils ne sont plus sur le marché de l’art, vendus de leur vivant, ils appartiennent très souvent aux collectionneurs et institutions d’outre-Atlantique.



mercredi 26 novembre 2014

Alexandre Cabanel

Alexandre Cabanel, Montpellier 1823 - Paris 1889 - La Naissance de Vénus
Student of : François-Edouard Picot (1786-1868)
Teacher of : Jules Bastien-Lepage (1848-1884), Paul Albert Besnard (1849-1934), Gaston Bussière (1862-1929), Benjamin Jean-Joseph Constant (1845-1902), Fernand-Anne Piestre, Fernand Cormon (1845-1924), Kenyon Cox (1856-1919), Adolphe Jean Dagnan-Bouveret (1852-1929), Edouard Bernard Debat-Ponsan (1847-1913), Emmanuel de Dieudonné (1845-after 1889), Henri-Charles-Etienne Dujardin-Beaumetz (1852-1913), François Flameng (1856-1923), Émile Friant (1863-1932), Henri Gervex (1852-1929), Daniel Ridgway Knight (1839-1924), Henri Léopold Lévy, Henri Régnault (1843-1871)

Considéré comme l'un des grands peintres académiques ou pompiers du second Empire, Alexandre Cabanel fut à la fois le plus adulé du public et l’un des plus critiqué. Fils d'un modeste menuisier, il commence son apprentissage à l’école des Beaux-Arts de Montpellier. Doté d'une bourse il monte à Paris en 1839 et entre en 1840 à l'école des Beaux-Arts et est l'élève de François-Édouard Picot.
Cabanel devient second prix de Rome en 1845 et pensionnaire de la villa Médicis jusqu'en 1850.
À la fois peintre d'histoire, peintre de genre et portraitiste, il évolue au fil des années vers des thèmes plus romantiques. Il reçoit les insignes de Chevalier de la légion d'honneur en 1855. La célébrité lui vient avec la Naissance de Vénus, exposée au Salon de 1863, qui est immédiatement achetée par Napoléon III pour sa collection personnelle et qui entre au Musée du Luxembourg en 1881 - Au musée d'Orsay depuis 1978.
L’artiste passe un contrat avec la maison Goupil pour la commercialisation de reproductions en gravure de la Naissance de Vénus.
En 1863 Alexandre Cabanel est élu membre de l'Académie des Beaux-Arts. En janvier 1864 il est nommé professeur-chef d'atelier de peinture à l'École des Beaux-Arts et promu au grade d’Officier de la légion d'honneur, il en finira Commandeur en 1884.
Entre 1868 et 1888, il sera 17 fois membre du jury du Salon. Il reçoit la médaille d'honneur du Salon en 1865, pour le Portrait de l'Empereur, ainsi qu'en 1867 et 1878. Comme peintre officiel et membre du jury, il fait preuve d'une certaine réserve à l’égard des tendances novatrices. En 1876, vice-président du jury, il refuse deux envois de Manet.
Cabanel est régulièrement critiqué et mis en opposition avec les naturalistes et les impressionnistes.
Controverses autour de La Naissance de Vénus. Théophile Gautier fait l'éloge du tableau :
« Son corps divin semble pétri avec l'écume neigeuse des vagues. Les pointes des seins, la bouche et les joues sont teintées d'une imperceptible nuance rose (...) »
Alors qu'Émile Zola, qui combat la peinture académique « et les œuvres sans vie d'un Cabanel » critique la Naissance de Vénus et émet un jugement sur Cabanel et l’ensemble de son œuvre :
« La déesse noyée dans un fleuve de lait, a l'air d'une délicieuse lorette, non pas en chair et en os - ce serait indécent - mais en une sorte de pâte d'amande blanche et rose » « Prenez une Vénus antique, un corps de femme quelconque dessiné d'après les règles sacrées, et, légèrement, avec une houppe, maquillez ce corps de fard et de poudre de riz ; vous aurez l'idéal de monsieur Cabanel ».
Le critique d'art Joris-Karl Huysmans ne voyait lui dans la Naissance de Vénus de Cabanel qu’une « Vénus à la crème ».

Si les femmes avaient ni seins ni fesses, mais que ferions-nous de nos pauvres mains !
La morale a toujours commandé le contrôle de ses pulsions, aussi il reste l'alternative acceptable de la peinture, de la sculpture, de la photographie...
Et d'après Sylviane Agacinski, à partir du moment où on incarne une idée par une femme, autant qu'elle ait des seins, et de beaux seins ! de belles fesses aussi !
Corps de femme au XIXème
Si le corps n'inspire guère de discours, la beauté, elle, retrouve son prestige au lendemain de la crise révolutionnaire. Le naturalisme des lumières l'a réhabilitée, alors que les moralistes chrétiens la tenaient en suspicion. Non seulement la beauté est utile pour inciter l'homme à l'acte générateur, mais c'est l'arme spécifique et légitime du sexe faible, qui peut grâce à elle compenser sa faiblesse en apprivoisant le sexe fort. A condition toutefois d'affirmer sa différence. Le dimorphisme sexuel s'impose alors comme un dogme, au mépris des morphologies individuelles. Tout ce qui traduit la sensibilité et la délicatesse est valorisé : une peau fine où affleurent les ramifications nerveuses, des chairs moelleuses pour bercer l'enfant où le malade, un squelette menu, de petites mains, de petits pieds. Mais aussi tout ce qui traduit les fonctions naturelles de la reproductrice : hanches rondes, seins copieux, tissus bien nourris.
Dès lors, toute ressemblance avec l'homme devient inquiétante anomalie.
C'est ce qui explique le succès durable du corset qui ressuscite vers 1810. Moins haut, moins rigide que l'ancien corps à baleines, il a désormais une mission esthétique : affiner la taille, faire saillir la croupe et la poitrine. Le corset permet en outre à la femme "comme il faut" de maîtriser constamment ses formes et ses poses ; il sert de tuteur à sa dignité physique et morale.
Cf/ Yvonne Knibiehler


mardi 25 novembre 2014

Point de vue

LA PEINTURE ACADEMIQUE 
Dans les encyclopédies d'art et jusqu'après l'ouverture du Musée d'Orsay, les chapitres réservés à la peinture académique sont étrangement sous-représentés ou même carrément absents. Leurs auteurs, lorsqu'ils parlent de la seconde moitié du XIXème siècle, ne considèrent que l'art romantique et réaliste, Manet et les impressionnistes. Ceux qui, hier et de leur vivant, ont été reconnus et adulés ont purement et simplement été rayés des cadres de l'histoire de l'art.
La caractéristique de l'art académique réside à la fois dans le fini des éléments peints très figuratifs et dans leur précision, cette conception se trouve à l'opposé de la théorie moderne où tout tend à s'abstraire et à se suggérer avec une finition souvent très secondaire. Cette conception est encore associée par dérision à un simple artisanat habile, soi-disant signe d'un manque de talent et d'originalité.
La peinture académique, émanation directe des règles strictes du classicisme et du néoclassicisme, constitue en quelque sorte l'antithèse exacte de l'art contemporain mais avec toutefois un point commun de taille :
- celui d'être ou d'avoir été soutenu par des instances officielles.
Et une différence d'importance :
- l'adhésion du public d'alors pour la peinture académique mais le rejet ou l'ignorance de l'art contemporain par le public d'aujourd'hui. 
Le parallèle entre la situation des artistes officiels d'aujourd'hui, c'est-à-dire les "conceptuels-minimalistes", avec ceux du Second Empire et de la Troisième République, les "pompiers ou académiciens", est devenu incontestable et l'on peut parfaitement penser que cet "art contemporain", à l'image de l'art académique, connaîtra lui aussi un inévitable discrédit.
Par ailleurs, le dénigrement souvent entretenu de l'art académique et ses spécificités comme le métier, la tradition, la figuration extrême, servent de repoussoir et d'alibi à l'innovation pour l'innovation. Pour certains, il représente uniquement l'art de la bourgeoisie conservatrice, hostile à toute forme de changement ; mais on pourrait tout autant, voire davantage puisque peu populaire, qualifier l'art contemporain d'également très bourgeois.
A ce titre, la collection de l'homme d'affaires François Pinault, avec les oeuvres des derniers artistes à la mode comme Jeff Koons ou encore Damien Hirst, et composée surtout d'artistes américains minimalistes et conceptuels, ne synthétise-t-elle pas, à la caricature, le type même de la collection du bourgeois bien arrivé et pour le moins sous influence ? 







Pougues-Journal, dimanche 21 juin 1896 – extraits : Echos mondains
- Relevé parmi les nominations au grade de chevalier de la Légion d’honneur : Monsieur Werth, directeur des usines de Fourchambault, nous lui adressons nos plus sincères félicitations.
- On annonce le prochain mariage à Paris du peintre William Bouguereau, membre de l’Institut, Commandeur de la Légion d’honneur, avec Mlle Jane-Elisabeth Gardner.
- Remarqué parmi les personnalités descendues au Splendid Hôtel, Monsieur Léon Bertrand, l’aimable et sympathique fermier du casino de Biarritz, venu à Pougues pour rétablir une santé ébranlée par ses très nombreuses occupations.
- Monsieur de Saint-Halary, le sportman bien connu, a demandé une rétractation d’article le concernant ou une réparation par les armes. Les adversaires se sont fendus et atteints simultanément. Mr de Saint-Halary a reçu une blessure intéressant le sternum et Mr de Saint-Valéry une blessure plus grave à la poitrine. Toutefois, les médecins jugent qu’elle ne sera pas mortelle.

Un livre avec reproductions en couleur sur le sujet est disponible :
FIN DE SIECLE - TURN OF CENTURY, 50 euros, contact : Marc-Verat@wanadoo.fr



lundi 24 novembre 2014

Elégantes fin de siècle

La mode
Durant le XIXème siècle, la mode féminine évolue lentement vers plus de simplicité.
Sortir ou recevoir les bras nus reste inconvenant. De la jambe, on ne doit apercevoir que le bout du pied. La cambrure des reins est toujours mise en valeur par le corset et, avec le concours de drapés savants, par la « tournure ». Vers 1890, la tournure large disparaît, au profit d’un petit coussin placé en haut des reins : le Cul de Paris. Le corsage, cintré avec profusion de boutons dans le dos, se termine généralement par d’étroites manches qui s’évasent en dentelles aux poignets et se froncent aux épaules. Le décolleté peut être marqué.
La Belle Epoque :
- C'est le triomphe de la Troisième République, l'année de l'exposition universelle, de l'architecture métallique, de la fée électricité, du métro, du style nouille inimitable et de l'Ecole de Nancy, du journal à un sou, de la rente à 3%...
- C'est aussi l'affaire Dreyfus, Ravachol et les anarchistes, des hommes et des femmes qui vivent sans avoir connu un seul jour de vacances.
- C’est l’époque des biches, des cocottes, des horizontales et des petites femmes. Si l’aristocratie affiche généralement une large tolérance en matière de fidélité conjugale, la bourgeoisie tient quant à elle à la sauvegarde des apparences. Les hommes prennent donc soin de dissimuler leurs débordements et la galanterie tarifée connaît ses beaux jours. Pour les jeunes ouvrières réduites à des salaires de misère, la générosité de quelques entreteneurs constitue un appréciable complément de ressources.
Des maisons de tolérance parisienne, comme le « Chabanais ou le « One-Two-Two », comptent d’ailleurs parmi leurs habitués de hautes personnalités.




Direction des Beaux-Arts. Ouvrages commandés ou acquis par le Service des Beaux-Arts.
Des centaines de tableaux que l'on qualifie généralement d'académiques, à partir de la seconde moitié du XIXème et durant près d'un siècle, ont été acquis par l'Etat français.
Parmi ceux-ci et selon la mode du moment, un bon nombre représente ce qu'il est convenu d'appeler, dans toute la richesse de leurs diversités, des nus.
Quelques-uns sont encore visibles à Orsay, d'autres dans les musées de province. On peut également penser qu'une partie des peintures a servi d'élément de décor aux préfectures, aux ministères, sans oublier les logements de hauts fonctionnaires. Mais ensuite, quand la tendance devint à proprement parler au "Moderne", que sont-ils devenus ?
Pour la conservation des musées : un simple numéro sur une fiche plus ou moins détaillée, un document photographique - à la localisation parfois inconnue - selon le terme laconique de l'administration. La mode puisant pour une part sa source dans l'inspiration du passé et rien n'étant jamais définitivement arrêté, certains de ces nus commencent désormais à réapparaître en bonne place - entre les impressionnistes et les modernes - sur les cimaises des particuliers et des musées.



Shown in this post are digital compositions by French artist Marc Verat. He uses female subjects from famous classic paintings and lets them inhabit the wonderful Parc Saint-Leger in Pougues les Eaux in central France (Google map). The main image above is based on a relatively rare Bouguereau painting, La perle (The Pearl, 1894). Below you can view the full series of Remastered Bouguereaus featuring on Verat’s website. Click each to visit the galleries where you will find many more contemporary variations on Bouguereau’s original artworks.

dimanche 23 novembre 2014

Le témoignage de Marguerite

Témoignage d’une Donneuse d’eau
Marguerite Chassin, dite « Mathilde », a vu le jour le 5 décembre 1893 à Pougues-les-Eaux, dans une famille de condition modeste. Son père travaillait pour l’établissement thermal à l’usine d’embouteillage.
A treize ans, Mathilde débute son apprentissage chez un pâtissier-confiseur qui tenait boutique dans la galerie marchande du Parc. Le matin elle vendait des bonbons aux eaux minérales et l’après-midi, elle faisait des gaufres pour les curistes.
Mathilde Chassin-Paulus commence alors, le premier juin 1911, une saison de Donneuse d’eau au Pavillon des sources Saint-Léger, Saint-Léon :
«  Nous étions au pourboire et touchions dix centimes du verre d’eau mais il fallait auparavant s’acquitter de la somme de 375 francs afin de pouvoir travailler aux sources ».
La journée commençait à six heures mais la grande vague des curistes arrivait entre dix et onze heures trente, après les bains. Vers midi, Mathilde et sa collègue essuyaient et rangeaient les verres, gravés en cristal Saint-Louis, représentant le site de l’établissement avec le Splendid Hôtel. L’après-midi, les curistes prenaient les eaux entre 15 et 18 heures après s’être promenés parfois jusqu’à la terrasse de Bellevue qui offrait un étonnant coup d’oeil.

A cette époque glorieuse, des milliers de curistes fréquentaient la petite cité thermale et deux millions de bouteilles d’eau des sources Saint-Léger, Alice et Elisabeth étaient expédiées aux quatre coins du monde. On pouvait aussi croiser des personnalités, des écrivains comme Roger Martin du Gard ou jules Renard, dont le fils Paul était médecin à Pougues.  Les grandes familles d’Europe se rendaient à Pougues, la noblesse russe d’avant 1917, la reine de Madagascar…
Le Splendid Hôtel, construit en 1888, était le plus beau de Pougues, il possédait cent chambres qui étaient toujours complètes et dont le prix était de vingt francs par nuit et par personne, soit un Louis d’or. Les riches pensionnaires séjournaient généralement avec chauffeurs et domestiques, ils pouvaient pratiquer tennis et golf situés le long de l’allée des Soupirs, non loin de l’hôtel. Le casino leur proposait par ailleurs concerts et comédies en plus, bien entendu, des jeux d’argent et petits chevaux alors très prisés. Le Splendid Hôtel, occupé par les allemands, et peu entretenu sera finalement détruit en 1977.
Rapporté par Christophe CELLE, président des Amis du Vieux Pougues, 01/06/1995



L'image de la Femme

Le Panorama Salon 1896 – Le Nu n°6 – Gaston Schéfer
« La nudité ne se justifie que par la beauté des formes, la grâce des attitudes. La convention admet les nymphes nues au milieu des bois, les sirènes couchées sur la crête des vagues, les déesses accoudées sur les nues ; elle permet à l’artiste de placer son modèle dans le milieu qui lui plait. Mais à la seule condition de charmer le regard par la pureté des lignes et l’harmonie du geste. La question reste de savoir si cette femme nue a pleinement satisfait à cette condition. »
Dans la peinture occidentale, la règle voulait que ni les poils pubiens, ni la fente vaginale ne soient représentés.
L'étude des tableaux par le critique d'art de l'époque victorienne, John Ruskin (1819-1900), l'avait tenu si éloigné de cet aspect de la réalité de l'anatomie féminine qu'il eut la grande surprise de constater, lors de sa nuit de noce, que si effectivement les femmes n'avaient pas de barbe, elles étaient néanmoins pourvues de poils pubiens.
Il en fut paraît-il si consterné, qu'il se trouva durant plusieurs jours dans l'incapacité de consommer son mariage.
Yahvé Dieu dit : "Il n'est pas bon que l'homme soit seul, il faut que je lui fasse une aide qui lui soit assortie."
Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur l'homme qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place. Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme il façonna une femme et l'amena à l'homme. Alors celui-ci s'écria : "Pour le coup, c'est l'os de mes os et la chair de ma chair ! celle-ci sera appelée femme, car elle fut tirée de l'homme, celle-ci !"
C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair. Or tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un devant l'autre.
La Genèse, chapitre 2, 18-25
Epilogue
Les nus féminins, qui rencontrent un succès sans cesse croissant comme en témoignent les expositions des Salons fin de siècle, séduisent d'abord et tout naturellement un public masculin sensible au contenu évocateur des images. Ces représentations sont moralement tolérées par la société pudibonde d'avant 1914 grâce à l'alibi historique, exotique chez les orientalistes avec leurs Odalisques, ou mythologique lorsque la femme devient Vénus ou, mieux encore lorsqu'elle se transforme en nymphe.
Les dames habillées de la tête aux pieds de la cour du Second Empire et de la Troisième République n'étaient pas, bien entendu, aussi virtuelles que les nymphes ou Vénus des peintures. Mais, lors des promenades romantiques en galante compagnie dans le Parc Saint-Léger, ces promeneuses aimaient sans doute, secrètement, comme les messieurs d’ailleurs, à s'imaginer dans ces fables un peu libertines mises à la mode par les artistes d’alors.








samedi 22 novembre 2014

Heureuses rencontres

Sous la Troisième République, le polytechnicien Edouard JERAMEC, donne son essor à la station de Pougues, déjà dotée, en 1877, d’une nouvelle usine d’embouteillage située derrière le Casino.
Moyennant la somme de 300.000 francs, il se rend acquéreur de la source Saint-Léger, des dépendances et constitue par acte daté du 9 avril 1879, passé devant Maître Vassal notaire à Paris, une société au capital de 1.300.000 francs.
Quelques années après, la Compagnie des Eaux de Pougues, déjà propriétaire de l’hôtel du Parc, racheta et aménagea le « Splendid hôtel », qu’un particulier avait entrepris de faire construire vers 1884. Edouard JERAMEC exploitera également la source La Salud de Carabana en Espagne.La Belle Epoque : splendeur de la station de PouguesC’est alors que la station thermale de Pougues atteignit son apogée. Environ deux mille curistes venaient y prendre les eaux et la compagnie expédiait pas moins d’un million de bouteilles par an.Des agrandissements sont effectués au Splendid Hôtel qui accueille désormais pendant la saison 260 clients. De nombreuses extensions et aménagements sont apportés, comme l’agrandissement du Casino avec kiosque à petits chevaux et salon de lecture ; comme les constructions en 1907, avec armature métallique, à la mode de l’époque, du Pavillon des Sources avec un promenoir conduisant au Splendid Hôtel et d’une grande serre. Des travaux ont été effectués au chalet, sur les remises et écuries, sur l’établissement des bains…La Compagnie des Eaux de Pougues employait de jeunes femmes, qui devaient payer leur charge auprès de la Compagnie, afin de pouvoir exercer leur activité de « Donneuses d’eau ». Elles portaient un uniforme qui varia dans le temps. En 1900, comme il se doit, la robe était longue, rayée grise et rose, complétée d’une coiffure de dentelle blanche en forme de chignon.







Charles Chaplin et le Centre d''art contemporain avec sa Gentilhommière : http://verat.pagesperso-orange.fr/la_peinture/kant14.htm
Implanté dans l’ancienne station thermale de Pougues-les-Eaux, le Centre d’Art Contemporain (CAC) du Parc Saint-Léger fait partie d’un réseau national labellisé par le Ministère de la Culture, qui compte une quarantaine de centre répartis sur tout le territoire français. Ces Centres ont reçu pour mission de soutenir et promouvoir la création d’œuvres contemporaines, d’accueillir des artistes en résidence, et aussi de favoriser une diffusion auprès d'un certain public.Réhabilités en 1998 pour accueillir le Centre d’Art, les locaux dont l'usine d'embouteillage des Eaux de Pougues, datant du 19ème siècle, présentent aujourd'hui une surface d’exposition de 460m² répartie sur deux niveaux, des bureaux et des logements pour les artistes.





En cette toute fin de XIXème siècle, il existe une multitude de courants picturaux. Et si la mode est déjà à l'impressionisme, il reste toujours d'innombrables amateurs pour cette peinture académique un peu sensuelle, dont ces images sont assurément représentatives.Le maître d'alors, William Bouguereau est, à l'instar d'un Cabanel, toujours adulé et respecté du monde entier mais plus pour bien longtemps.Aujourd'hui appelés avec dérision "artistes pompiers", ces peintres qui ont perpétué la manière ingresque où le dessin reste fondamental, avec des sujets souvent inspirés de l'Antiquité, vont en effet rapidement perdre leur aura au bénéfice de l'art moderne. Edouard Bisson, Dagnan-Bouveret, William Bouguereau, Walter Crane, Herber Draper, Zuber-Buhler, Lord Leighton, Robert Auer - Botticelli, Titien, Rubens ou encore Boucher ont honoré la nudité féminine, lui conférant un statut respectable et en quelque sorte officiel. Dans la seconde partie du XIXème siècle, les visiteurs du Salon de Paris ou bien encore ceux des expositions d'été de la Royal Academy de Londres, peuvent contempler sans problèmes moraux et sans culpabiliser les nus plus ou moins sensuels de Bouguereau ou de Lord Leighton.Le Nu "académique", désormais bien ancré dans la morale bourgeoise, se trouve représenté dans toutes les manifestations artistiques de l'époque. Il est incontestablement populaire et avec l'invention de la photographie et du procédé de photogravure, les reproductions de ces nus de Salon, toujours glabres, seront vendues en énormes quantités. Des critiques comme Armand Silvestre, des revues tel le Panorama Salon, sont même spécialisés dans la description du genre.