lundi 1 décembre 2014

Le Nu académique

L'ART DU NU ACADEMIQUE

Oublié hier, mis en lumière aujourd’hui, l’histoire de l’art ne reflète jamais que le goût contemporain.


L’art académique c’est tout d’abord le grand genre que caractérise la peinture d’histoire, au sens large. Cette peinture d’histoire, exécutée sur d’importants formats, comporte dans ses allégories des nus. Ces nus, au fil du temps, deviendront presqu’exclusivement féminins et de plus en plus le thème central du tableau.
On entend généralement par "nu académique", d'abord un grand dessin, ensuite une peinture ou encore une sculpture, représentant un ou plusieurs nus, « l'académie », fait d'après un modèle vivant. C'est également le nom donné au cours, « d'académie », dispensé obligatoirement jusqu'en 1970 dans les écoles des Beaux-Arts. L'exécution du nu est soignée et toujours figurative. Initialement, le corps doit être lisse et glabre avec un modelé travaillé, ses proportions sont respectées et la construction du dessin reste la plus discrète possible. Les poses restent variées mais la référence d’origine à la mythologie perdra avec le temps son importance.
Dès la Renaissance, l'anatomie fait partie intégrante de l'éducation des jeunes artistes et elle est enseignée dans les académies, prémices de nos modernes écoles d'art, à partir du dessin d'après l'antique et, parfois, à partir de la dissection des cadavres. Des études préalables aux dessins analysent en détail toutes les parties du corps afin de bien comprendre comment s'articule le mouvement, afin de bien saisir aussi les nuances et les proportions.
La mythologie fournit en partie les thèmes de mise en scène du corps nu à travers : Apollon, Ariane, Persée délivrant Andromède, Diane et Actéon, Mars et Vénus ou encore toute une multitude de nymphes. La bible constitue une autre source d'inspiration avec Adam et Eve, David et Bethsabée, Suzanne et Joachim, les scènes de martyr… Les représentations de nus restent liées à la peinture d'histoire qu'elle soit antique, biblique ou mythologique. Dans l'art religieux, le nu, banni par le Concile de Trente (1545-1563), ne tient finalement qu'une place modeste.
Les nus classiques ou néo-classiques prendront un caractère moral avec des poses aux corps anatomiquement parfaits, qui exaltent le courage, le patriotisme, le sentiment héroïque. Les attitudes, dans des mises en scène théâtrale, sont étudiées de manière à ne rien montrer qui puisse offenser la pudeur, beaucoup de peintres utiliseront d'ailleurs les ressources du drapé afin de rendre plus acceptables les parties sensibles de leurs figures.
A partir de la seconde moitié du XIXème siècle, dans l’objectif de satisfaire un collectionneur sans doute plus amateur d'anatomie féminine que de grand style, le nu deviendra moins académiquement traditionnel pour gagner en frivolité. Les artistes abandonneront donc le support jugé fastidieux et de moins en moins porteur de l'Histoire, pour se rapprocher de scènes exotiques dont les compositions, plus libres, permettent d’éventuelles interprétations à connotation érotique autour des symboles habituels de la chevelure, du harem, du miroir…
A l'aube du XXème siècle, une troisième source deviendra de plus en plus communément utilisée et appréciée à savoir : la représentation de scènes reflétant une certaine intimité du quotidien de la femme, comme son lever, sa toilette, son bain.
L'étude du corps se fera alors d'après nature, éventuellement par la copie des œuvres d'art antique que l'artiste débutant, à défaut de moulages, trouve dans des recueils de reproductions spécialement prévus à cet effet, et qui font office de manuels de morphologie. Dès sa création, l'école des Beaux-Arts fera référence à ces canons classiques qui constitueront la règle de son enseignement jusqu'au milieu du XXème siècle.
Cet art du nu peut se définir comme un genre particulier, mais il faut convenir que nombre d’oeuvres majeures de la sculpture et également de la peinture occidentales comportent des personnages plus ou moins dévêtus.








samedi 29 novembre 2014

Nymphes et Donneuses d’eau

POUGUES LES EAUX - PARC SAINT-LEGER - FIN DE SIECLE
L’artiste n’a pas donné de nom à la nymphe qu’il a peinte, couchée sur la mousse et les feuilles mortes du parc Saint-Léger. Mais on la reconnaît pour une Hamadryade, pour cette nymphe qui naissait en même temps que les chênes et mourait de leur mort. On prétend qu’en les surprenant dans leur nudité, l’homme s’exposait à être frappé de démence, mais que toujours des hommes se sont rencontrés pour braver ce danger, symbole de l’indicible attrait de la beauté et du délire qu’il porte malgré lui dans l’âme.
En effet, ne sont-elles pas avenantes ces Nymphes, Donneuses d'eau, qui posent avec grâce près du mur de soutènement de l’allée qui conduit au café-terrasse de Belle-Vue, qui cheminent près du Lac aux cygnes et devant le promenoir du Parc qui, hier encore, abritait des boutiques de souvenirs et spécialités.
Les modèles de Charles Chaplin et de Jules Lefebvre sont étonnamment jeunes, des adolescentes,
autrement dit des jeunes filles mineures.
Aujourd’hui, les auteurs de ces peintures – artistes médaillés et reconnus ou pas - s’exposeraient à d’éventuelles poursuites avec, comme perspective, un séjour possible en prison.
Les codes moraux de la Belle Epoque étaient plutôt stricts et pudibonds mais généralement la loi épargnait le bourgeois. Désormais la morale, qui semble pourtant plus tolérante, punit sans forcément faire preuve de grand discernement.

Un livre avec reproductions en couleur sur le sujet est disponible :
FIN DE SIECLE - TURN OF CENTURY
Jules Lefebvre - Charles Chaplin - Frank Brooks - Ricardo Falero - William Bouguereau
Jean-Léon Gérôme - Nathaniel Sichel - Albert Penot - Isidore Pils - Edouard Bisson - Herbert Schmalz - William Godward…
50 euros, contact : Marc-Verat@wanadoo.fr



Un jour, il a bien fallu changer les arbres vieillissants de l’Allée des Soupirs. Ils ont été remplacés par de jeunes essences, au nom ignoré, qui ne mettent pas à l’abri du vent et ne protègent pas encore de l’ardeur des rayons du soleil d’été. Mais, pour le bonheur des jeunes nymphes joueuses et vagabondes, il reste ceux, adultes, élancés, torturés et tout aussi alignés, de la montée qui mène à Belle Vue. Ici, le spectacle vaut le détour et s’ouvre sur le long ruban rectiligne, bordé de prés et de champs cultivés aux couleurs variées et changeantes, qui relie la ville capitale à celle qui fait toujours rêver : Antibes.



Le Pavillon des Sources, belle verrière à ossature métallique bleu-ciel, comme on les aimait au début du siècle dernier, forme un bel espace ouvert à la lumière qui accueil des manifestations variées.
Non loin, presqu’à côté, le bâtiment plus austère de l’usine d’embouteillage, d’une construction plus ancienne, abrite un Centre d’Art Contemporain. Le contraste est saisissant ; ici, l’espace reste fermé, replié sur lui-même, sans lien avec la Commune et ses habitants.