mercredi 29 avril 2015

La Visite guidée









Préface de la publication "Arts en Friches.Usines désaffectées, fabriques d’imaginaires" - extraits.
Marie Vanhamme. Patrice Loubon. Les Editions Alternatives. Paris. Novembre 2001

Friche industrielle : espace bâti ou non bâti anciennement occupé par une activité industrielle et désormais désaffecté ou sous occupé. La désaffectation d’entreprises industrielles, amorcée pour des raisons de vétusté, d’opération d’urbanisme et de décentralisation, s’est amplifiée au début des années soixante-dix. Ces dernières décennies sont marquées par la fermeture de grandes entreprises, due à de nouvelles stratégies de production, les délocalisations notamment, à la disparition de secteurs d’activité traditionnelle comme la chimie, métallurgie, le textile et au développement de la production de biens immatériels.
La place des espaces abandonnés dans les villes est telle, qu’une étude de l’American Institute of Architects prévoit que durant ce siècle, 90% des interventions architecturales dans les ville concerneront des structures existantes. Les friches représenteraient en Europe 200 000 ha dont 80% liées à la désindustrialisation (usines, entrepôts, halles ...). Seul 20% sont réhabilitées à des fins économiques ou, plus rarement, à l’initiative des Pouvoirs Publics et en raison de leur valeur patrimoniale, à des fins culturelles : musées, universités, médiathèques. La plupart de ces anciens lieux de production ne suscitant ni l’intérêt des promoteurs, ni celui des Pouvoirs Publics sont laissés en l’état, façade noricie, murs lézardés, fenêtres brisées, déchet dans l’espace urbain.
La friche est cet espace vide, inutile, inutilisé, donc disponible, appropriable que des associations, acteurs culturels, spectateurs passionés, artistes investissent et dotent de nouvelles fonctions. Ce mouvement spontanée et informel d’occupation légale ou illégale de friches industrielles a émergé en France au début des années quatre-vingt, dès les années soixante-dix en Angleterre, Allemagne et Hollande. Il s’est suffisamment développé ces dix dernières années pour que le ministère de la Culture décide de se pencher sur ces nouveaux "équipements culturels" atypiques qui commencent à mailler le territoire, tissant leur propre réseau de création, de production et de diffusion.
Le rapport sur les "espaces et projets intermédiaires", commandé à Fabrice Lextrait, ancien administrateur de la Friche Belle de Mai, par Michel Duffour, secrétaire d’Etat au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle à donné lieu à l’annonce de premières mesures d’accompagnement.
Les friches artistiques présentées dans la publication sont représentatives de la diversité qui caractérise ce mouvement. Aucune ne se ressemble, elles ne correspondent à aucun modèle, aucun schéma préétabli, c’est l’une de leur première spécificité. Le projet existe, se développe, évolue en fonction de son histoire, de ceux qui les portent, du contexte social, politique, urbain dans lequel il émerge, de la configuration du lieu aussi. Le sommaire qui privilégie une approche par lieu et par ville met en évidence ces différences, il a tendance à occulter les similitudes, les liens qui les rassemblent, qu’ils soient conceptuels ou réels.
Des échanges, des parcours d’artistes, l’appartenance à des réseaux sont autant de circulations, de relations qui, par affinité, les unissent. Les textes ou phrases affichés sur les murs pourrait être représentatif de ce qui, à la fois, les rapproche et les différencie. "J’ai peur d’une société qui est tellement axé sur la compétition, la concurrence. Une société qui ose vous dire “vous devez être des gagnants” Mais qu’est-ce que c’est un gagnant sinon un fabriquant de perdant"( Albert Jacquard), placardé à l’entrée de l’Antre-Peaux de Bourges...
Ce manque dans la politique culturelle rencontre un autre vide, l’usine, l’entrepôt abandonné. L’appropriation parfois illégale est possible en raison du manque d’investissement politique que la friche représente. L’état de délabrement du bâtiment, son abandon, témoigne du mépris du promoteur, mais expriment aussi le désintérêt du pouvoir qui ne lui accorde aucune valeur patrimoniale, n’envisage aucune réaffectation. La friche est cet interstice dans l’ordonnancement de la cité qui “ échappe à l’instrumentalisation du territoire et au contrôle des politiques publiques ” C’est ce vide physique, et politique qui va autoriser la réalisation du désir. Il va permettre d’imaginer et de concrétiser un projet.
En investissant la friche, les nouveaux occupants transgressent les règles économiques qui l’ont taxée d’inutilité et l’ont condamnée à mort. Ils transgressent aussi les règles politiques qui lui ont refusé toutes valeurs symboliques, patrimoniales, toute réhabilitation, tout avenir possible. La transgression des lois peut se lire comme le signe d’une transformation en cours, symptôme de la tombée en désuétude de certaines valeurs. Le pouvoir en serait donc le propre générateur. Les friches artistiques, par leur mode d’émergence, par les projets qui leur sont attachés et les discours qu’elles produisent, expriment cette tombée en désuétude des propositions institutionnelles, leur inadéquation à la réalité artistique et culturelle d’aujourd’hui. Les expériences présentées ici témoignent que des nouvelles modalités de production, de diffusion, de socialisation sont à l’œuvre et que les rapports à l’art, aux artistes, au public sont en permanence mis et remis en question. Elles sont aussi porteuses d’un nouveau type d’aménagement d’espaces urbains désaffectés et d’un nouveau modèle d’intégration de la mémoire urbaine...
 
A Dijon, ville natale d’Etienne Cabet, inventeur du communisme étatique selon Karl Marx, un ancien bâtiment industriel, recouvert de graffs, a été rebaptisé "Centre Culturel Autogéré". Cette occupation de bâtiments chargés de mémoire intervient à une période de restructuration urbaine et sociale, marquée par le passage d’une société industrielle et de ses rêves avortés, à une société de service. Les friches et leur nouvelle activité sont les signes d’une mutation du secteur culturel dans des villes en crise. Ces quartiers populaires sont fragilisés, paupérisés par la disparition de l’activité de l’ancienne usine qui, au delà de son rôle économique, signait une appartenance identitaire, mettait en œuvre des processus de socialisation. En investissant ces bâtiments abandonnés de nouveaux usages, de nouvelles pratiques, les nouveaux occupants réinscrivent la friche, le quartier dans l’espace et le temps de la ville, instaure une nouvelle mobilité, de nouveaux parcours, de nouveaux frottements.
Ils injectent, à l’heure où nos villes modernes souffrent d’un trop plein d’organisation et d’informations, cette "expérience de l’étrangeté qui est au cœur de toute rencontre dans un espace de circulation et de communication." L’attribution de nouvelles fonctions à ces lieux "oubliés" transforme le passé, la mort annoncée en devenir possible. Eloquent synchronisme qui transforme ces emblèmes de la production industrielle en laboratoire culturel, à une époque où la valeur idéologique du travail qui fut fondatrice de l’organisation fonctionnelle de la société industrielle, n’est pas cotée au Nasdaq. L’organisation politique et économique de la société liée à la révolution industrielle, a fait du travail l’activité humaine essentielle, la seule activité collective et donc la forme majeure du lien social. La valeur du travail est dépecée par la fin du mythe du plein emploi, comme en témoignent aujourd’hui encore les licenciements massifs que les créations d’emploi n’arrivent pas à compenser, et par la glorification de l’argent facile, via l’apologie des starts-up et le culte de la bourse.
Des auteurs, Dominique Méda, Jeremy Rifkin, insistent sur la nécessité "d’enchanter d’autres espaces que celui de la production", de développer d’autres valeurs fondatrices, fédératrices de l’appartenance sociale. Ces artistes, acteurs culturels, associations qui "réenchantent" ces territoires désenchantés, n’explorent-ils pas de nouvelles valeurs ? Ne proposent-ils pas, en revisitant les notions de démarches artistiques, d’action culturelle, de citoyenneté, de collectif, de nouveaux modes d’activation du lien social ? Le terme de production, souvent utilisé comme englobant toutes les phases de la création artistique, de sa conception, à sa socialisation, offre là aussi d’étrange similitude avec l’ancienne fonction des lieux et poussent à réflexion, y compris dans une perspective économique. Ne traduisent-ils pas aussi le désir d’une autre urbanité ?
Les projets développés dans les friches industrielles ne questionnement pas uniquement le domaine culturelle, mais s’inscrivent de fait dans une problématique urbaine, sociale, économique. Ils participent à une reformulation d’un projet politique à une période de restructuration urbaine et sociale, marquée par le passage vers une société de service aujourd’hui dominée par la production de biens immatériels. Les friches industrielles réinvesties à des fins culturelles traduisent ainsi un passage, une transition, et pourraient même en être la métaphore : la transformation des anciens symboles de la production industrielle en fabriques d’imaginaires...

Marie Vanhamme - Mis à jour le mardi 26 février 2008

mardi 28 avril 2015

Etudes - Usine Lambiotte

















FRANCE PRÉMERY (NIÈVRE)
Date : 2011-2014
Durée : 4 ans - Client : Ademe
L'ancien site de production industrielle de charbon de bois Auguste Lambiotte à Prémery a été démoli. Ce site était constitué de près d'une soixantaine de bâtiments de constructions très diverses (Briques, pierres, béton armé, constructions métalliques), récentes ou de plus d'un siècle, hautes de quelques mètres à près de 35 m. parmi les équipements figuraient notamment une cheminée en briques de 42 m, une cheminée métallique de 33 m, des fours et séchoirs verticaux de plus de 35 à 37 m de haut, des anciennes chaudières maçonnées dont l'une haute de près de 15 m, etc.
Egis a réalisé la maîtrise d'œuvre complète de ce projet, les études de démolition et de désamiantage ainsi que le suivi travaux.
L'information n'est pas exacte, la plupart des photos du site Lambiotte datent d'avril 2015

Usine Lambiotte










Les usines Lambiotte à Prémery étaient spécialisées dans la Carbochimie du bois dans les deux dernières décennies du 19è siècle et la 1ère moitié du 20è siècle.
Cette entreprise dont le propriétaire directeur, Lucien Lambiotte, était passionné des nouvelles technologies de la carburation des moteurs fournissait de façon très conséquente le carburant automobile de l’époque, les automobiles marchaient au Méthanol qui a un excellent pouvoir explosif, méthanol obtenu à partir de la fermentation alcoolique du bois.
La guerre de 1914 ayant amené une énorme demande de gasoil à l'usage de la marine de guerre qui en est très grosse consommatrice, le méthanol s'est vu dépassé petit à petit par le fuel obtenu à partir de l'extraction du pétrole, au début venant principalement d' Amérique et de Mer Noire.
L'Usine Lambiotte dut petit à petit se reconvertir vers l'industrie pharmaceutique et aussi la production de solvants .
La guerre de 1940 acheva le développement de l'entreprise avec l'exploitation des pétroles du Moyen Orient et les découvertes successives des pétroles d'Afrique et d'Amérique du Sud. C'en était fait de la Carbochimie du Bois en France; l'autre Usine atteinte par cette crise fut la concurrente de Lambiotte à Clamecy appartenant à Rhône Poulenc (la fameuse SPCC) mais qui diversifia ses productions ailleurs.
L'usine stagna donc jusqu'en 2002 se contentant de la carbonisation du bois pour une production de charbon de bois pour les grandes surfaces.

Etablissement : Nolay (7 route de) PREMERY 58700

Siége social de " Produits Chimiques Ugine Kuhlmann " :
Tour Manhattan. La Défense 2. 6 place de l'Iris. 92400 Courbevoie.

Siége social de " Sté des usines LAMBIOTTE " :
Tour Manhattan. La Défense 2. 6 place de l'Iris. 92400 Courbevoie.

Exploitants : du 06/11/1886 au 31/12/1979 Ets LAMBIOTTE Frères
du 01/01/1980 au 23/08/1988 Produits Chimiques Ugine Kuhlmann
du 24/08/1988 Sté Usines LAMBIOTTE

Source d'information :
http://basias.brgm.fr/fiche_detaillee.asp?IDT=BOU5800736
DRIRE 58 & dossiers 1014 W 193, 1047 W 04, 1297 W 38, 1297 W 40, 1297 W 41, 1297 W 42, 1297 W 43, 1298 W 160/2 des archives départementales.
Donnée complémentaire : Visite de terrain été 2001.

12 - SYNTHÈSE HISTORIQUE
Synthèse  : Elément des usines LAMBIOTTE (voir fiches 734 & 738).

Création de l'usine en 1886 par la famille LAMBIOTTE afin de produire du bois d'oeuvre et des produits chimiques dérivés du bois. La raison sociale est Ets LAMBIOTTE Frères. Le procédé utilisé est la décomposition du bois sous l'action de la chaleur ; il donne du charbon de bois et des pyroligneux.

Arrêté préfectoral le 21/06/1895 : à la S.A. des Ets LAMBIOTTE Frères pour la carbonisation du bois.

Arrêté préfectoral le 18/05/1934 : à la S.A. des Ets LAMBIOTTE Frères pour un ensemble de dépôts et d'ateliers et un dépôt de celluloïd.

Arrêté préfectoral le 09/03/1948 : autorisant provisoirement le stockage de une tonne de celluloïd dans l'ancien dépôt partiellement détruit par incendie.

Arrêté préfectoral le 30/06/1948 : à la S.A. des Ets LAMBIOTTE Frères pour :
* la remise en service des dépôts et d'ateliers objets de l'arrêté du 18/05/1934,
* préparation de toiles enduites de colles et solvants pour l'industrie de la chaussure.

Arrêté préfectoral le 24/09/1948 : annulation du précédent.

Dans les années cinquante l'usine pratique de nouvelles activités :
* fabrication de produits chimiques organiques de synthése, dérivés des porduits obtenus par la carbonisation du bois proprement dite (formol à partir de méthanol, acétates à partir d'acide acétique).

Arrêté préfectoral le 07/12/1955 : à la S.A. des Ets LAMBIOTTE Frères pour procéder à des aménagements dans l'usine.

En 1964 éclatement des activités :
* " Sté des usines LAMBIOTTE " achetée par la Sté des produits azotés (SPA),
* création de deux sociétés indépendantes :
- " produits LAMBIOTTE Frères " (produits pour chaussures, colles),
- " BOSNI " (exploitation forestière, bois, parqueterie, traverses de chemin de fer).

En 1967 la SPA fusionne avec la Sté Ugine Kuhlmann. Suite à la fusion de cette dernière avec Pechiney la " Sté des usines LAMBIOTTE " devient filale à 100 % en 1971.

En 1980 se trouvent sur la plateforme, suite à diverses péripéties (éclatement, absorption, fusions, etc) :
* " BOSNI " (exploitation forestière, bois, parqueterie, traverses de chemin de fer),
* " Sté nouvelle de produits LAMBIOTTE Frères " (S.N.P.L.F., colles vinylique & néoprène, enduction de toiles),
* " Produits Chimiques Ugine Kuhlmann " (P.C.U.K., fabrication d'acétate de glycol),
* " Organichim " (fabrication de formol, colles),
* " Sté des usines LAMBIOTTE " (U.S.L., produits obtenus par carbonisation du bois).

Caractéristiques de U.S.L. :
* effectif : 260,
* consommation annuelle (en tonnes) :
- bois : 100 000,
- fioul lourd numéro 29 000,
* production annuelle (en tonnes) :
- charbon de bois : 19 000, 
- acide acétique : 3 500,
- méthanol : 1 000,
- huiles & goudrons pyroligneux : 6 500.

Arrêté préfectoral le 20/02/1984 : autorisation à la Sté ORGANICHIM de poursuivre l'exploitation d'activités classées :
* dépôt de formol et solution de formol en 23 réservoirs de capacité totale de 238 mètres cubes,
* dépôt d'acool en 5 réservoirs de capacité totale de 439 mètres cubes,
* distillation & rectification (15 mètres cubes, environ, de mélange formol-méthanol).

Arrêté préfectoral le 20/02/1984 : autorisation à la Sté " Produits Chimiques Ugine Kuhlmann " de poursuivre l'exploitation d'activités classées :
* dépôt d'acétates organiques en 7 réservoirs de capacité totale de 840 mètres cubes,
* distillation, condensation & rectification (24 mètres cubes environ).

Le dossier 1297 W 40 contient la description de l'usine LAMBIOTTE effectuée par la DRIR le 05/11/1984. L'activité de base de l'usine est la carbonisation du bois pour en obtenir le charbon de bois ainsi que des produits chimiques tels que formaldéhyde, solvants organiques. L'usine comporte :
* une chaudière polycombustible,
* trois chaudières produisant 19 t de vapeur à l'heure (AP des 06/11/1886, 07/12/1892, 05/10/1893, 21/06/1895 et 20/02/1984),
* deux chaudières d'élimination par combustion de déchets tels que goudrons, écorces, éclats, huiles de bois, plaquettes de poussière de charbon, gaz résiduaires,
* deux chaudières d'élimination par combustion de déchets liquides provenant de l'extérieur de l'usine (AP du 20/02/1984),
* zone de stockage de 180 mètres cubes en 3 RA (AP des 18/05/1971 & 20/02/1984).

Caractéristiques de U.S.L. :
* effectif : 257,
* consommation annuelle (en tonnes) :
- bois : 100 000,
- fioul lourd numéro 29 000,
* production annuelle (en tonnes) :
- charbon de bois : 20 000, 
- acide acétique : 3 000,
- acide formique : 100,
- méthylène dénaturant : 1 200, 
- acétate de soude : 1 000,
- solvants : 200,
- produits pour tannerie : 80,
- arômes alimentaires : 30.

Caractéristiques d'Atochem : production annuelle d'acétate d'éthyl-glycol : 5 000 t.

Caractéristiques de C.D.F. :
* production annuelle (en tonnes) :
- formol liquide toutes nuances : 6 000, 
- formol solide : 4 000,
- Elforon : 1 500.

Arrêté préfectoral le 25/06/1984 : annulation de l'autorisation du service " formols " de détenir & d'utiliser des radio-éléments artificiels.

Le 09/02/1988 la Sté Usines LAMBIOTTE reprend les activités de " Produits Chimiques Ugine Kuhlmann " (P.C.U.K., fabrication d'acétate de glycol) & " Organichim " (fabrication de formol, colles),

Le 17/11/1992 déclaration des installations :
* installations soumises à autorisation :
- rectification des flegmes méthylèniques (1 200 mètres cubes/an de méthylène ou alcool méthylènique),
- criblage, ensachage & palettisation du charbon de bois (250 kW), 
- fabrication et traitement mécanique de l'acétate de sodium (réacteur de 50 mètres cubes, 2 500 t/an, 200 kW),
- chaudières de production de vapeur avec élimination de déchets (48 800 Mcal/h, 56 t/h de vapeur),
- dépôts mixtes de divers liquides inflammables de première catégorie et alcools assimilés en RA (1 498 mètres cubes de pyroligneux, huiles & goudrons, 1 894 d'alcools, 1 625 d'acétates & esters, 62 de FOD),
- distillation & rectification des produits issus de la carbonisation du bois (71 mètres cubes),
- stockage d'ammoniac (1,5 t),
- dépôts de charbon de bois (7 000 t),
- obtention d'acide acétique à partir des jus pyroligneux (3 000 t/an, stockage de 570 mètres cubes),
* installations soumises à déclaration :
- fabrication d'agglomérés de charbon de bois,
- conditionnement mécanique du bois (400 kW, 900 t/jour, stockage de 33 000 mètres cubes), 
- carbonisation du bois (25 000 t/an),
- stockage de fioul lourd (54 mètres cubes),
- travail mécanique des métaux (20 ouvriers),
- atelier d'entretien (16 ouvriers),
- compresseur d'ammoniac pour réfrigération (120 kW, - 3 000 kcal/h),
- compresseur d'air (83 kW),
* installations non classables mais notables :
- atelier de réparation & d'entretien de véhicules,
- dépôt d'acide formique (48 mètres cubes en 4 RA), 
- dépôt d'acide chlorhydrique (99 mètres cubes en 6 RA), 
- dépôt de soude et solution sodée (60 mètres cubes).

Il semble, faute d'indications formelles telles que déclaration de transfert de propriété, etc, que ce site soit celui de " Sté nouvelle de produits LAMBIOTTE Frères " fabriquant des produits pour chaussures et des colles et adhésifs. La société emploie 170 personnes ; elle prend le nom de " BORDEN Division LAMBIOTTE " en 1989 et " MYDRIN-LAMBIOTTE " à partir de 1995. 

Le dossier de la DRIRE contient la déclaration des installations de l'usine " MYDRIN-LAMBIOTTE " ci-après. Elle n'est pas datée malheureusement :
* installations soumises à autorisation :
- stockage en fûts de 200 kg de diverses combinaisons chimiques d'éthylène et d'amine,
- atelier de préparation de colles vinyliques à chaud (3 500 kg), 
- traitement mécanique de mastics et colles (240 kW),
- dépôt aérien de solvants (520 mètres cubes),
- mélange et brassage mécaniques en enceintes fermées sous azote des colles néoprène (36 t),
- mélange avec réaction chimique mineure des résines et durcisseurs époxydes (3 t/jour),
- application de peintures et enduits par pulvérisation sur toiles imprégnées (150 l/jour),
- tunnels de séchage des toiles enduites et impégnées (120 °C),
- emploi et stockage des colles vinyliques de diaminodiphénylméthane (stock de 3 t),
* installations soumises à déclaration :
- mélange à froid de solvants (33 mètres cubes),
- mélange et brassage mécaniques en enceintes fermées de produits de finition (9 t),
- chargeurs d'accumulateur (30 kW), 
- stockages de bois, cartons, palettes et emballages (1 600 mètres cubes),
- chaudières fonctionnant avec huiles thermiques en circuit fermé (250 °C, 4 300 l),
- stockage des matières premières (2 000 t, 31 000 mètres cubes),
- grattage des cotons et produits polyesters non tissés (1 t/jour),
- réservoir de propane (70 mètres cubes),
- emploi de dichlorométhane (500 l),
- emploi de résines synthétiques et de poudres (2 t/jour),
- 4 transformateurs au pyralène (1 480 l au total),
- compression d'air (80 kW),
* installations non classables mais notables :
- 4 chaudières au FOD (825 kW),
- emploi de colles pour enduction et imprégnation des toiles (1 mètre cube).


samedi 25 avril 2015

Lambiotte à Prémery







Après avoir obtenu un répit judiciaire en 2013, le site industriel de Lambiotte vit ses derniers mois : les travaux de démolition sont prévus pour début 2016.
Deux tours en pierre. Voilà ce qu’il devrait rester, fin 2016 et si tout se déroule cette fois sans fausse note, du mythique site industriel Lambiotte de Prémery.
Fermée en 2002, l’ancienne entreprise chimique, spécialisée dans la carbonisation du bois, devait initialement être démolie en 2014. « Cela n’a malheureusement pas été possible. Il y a eu un vice de procédure lors de l’appel d’offres européen. Nous nous en sommes aperçu une fois le prestataire sélectionné », dévoile Florian Philippon, chef de projet sites et sols pollués à l’Agence de développement et de maîtrise de l’énergie (Ademe).
Une mauvaise surprise alors que la phase de dépollution était terminée. À présent, l’agence de l’environnement doit relancer un appel d’offres européen et sélectionner le prestataire avant la fin de l’année. « Après, il faut laisser le temps aux personnes qui arriveront sur le dossier de se l’approprier. C’est un site très vaste et d’ampleur. Nous espérons débuter au premier trimestre 2016. »
La nouvelle équipe aura ainsi la lourde charge de démolir l’ensemble des bâtiments plus que centenaires pour certains. Seules les deux tours en pierre seront épargnées, conservées pour des raisons patrimoniales. « Nous allons mettre le terrain à nu. Tout ce qui est dalles et fondations ne seront pas touchées dans un premier temps. Il nous manque en effet des données sur la qualité des sols. Nous verrons par la suite. Nous ne voulons rien laisser au hasard », poursuit le chef de projet de l’Ademe qui s’attend logiquement à un sous-sol pollué, « vu ce qui a été trouvé en surface ».
« Nous savons quels sont les secteurs où il y a suspicion de contamination. Au niveau des eaux de surface, l’impact est limité. » Par contre, avec la présence de phénols, benzène et d’hydrocarbures dans les eaux souterraines – « ce qui est logique vu l’activité qu’il y avait sur le site » – « un impact a été constaté entre le site et la station d’épuration », explique Florian Philippon. Et d’assurer : « Mais c’est sans conséquences sur les eaux de la Nièvre. Le milieu s’est adapté. Et les volumes de la Nièvre font qu’il y a une dilution ».
Pour autant, ce chantier, ce sous-sol et le coût de l’opération ont, à l’époque, fini de dissuader la Ville de Prémery et la Communauté de communes de s’en charger, laissant ce site orphelin. Et à l’État de reprendre la paternité du site pour ce qui constitue, quinze ans après la fermeture, « l’un des plus gros chantiers menés par l’Ademe ».

Pierre Peyret/ lejdc/ 21/04/15 - 06H02

jeudi 23 avril 2015

La cicatrice industrielle

Lambiotte dans la Nièvre, ancienne place forte de l’industrie chimique, offre aujourd’hui une vision glaciale de carcasses métalliques et de hangars en ruines. Sans parler du sous-sol, qui a refroidi les collectivités.
La Ville de Prémery et la Communauté de communes ne conserveront aucun bâtiment de Lambiotte. Être propriétaire des pierres, cela signifiait être responsable du sol. Justement le problème... Seules deux petites tours devraient rester en place.
C’était une usine, c’est devenu un monstre. Il n’en restera quasiment rien. La municipalité de Prémery et la Communauté de communes Entre Nièvres et Forêts viennent de renoncer à l’idée de conserver le moindre bâtiment sur le site Lambiotte, qui a fermé ses portes fin 2002. Selon un arrêté préfectoral datant du 21 septembre 2010, seules deux petites tours en pierres devraient être sauvées.

Depuis dix ans, l’ancienne entreprise chimique, spécialisée dans la carbonisation du bois, est une ombre terrifiante qu’un vaste chantier de dépollution, placé sous haute sécurité, s’emploie à chasser. 1.600 tonnes de produits dangereux ont été évacués.
« Il y a quelques années, on a vu des fûts exploser et sauter à dix mètres du sol », rapportent plusieurs témoins. Aujourd’hui, Lambiotte est enfermée derrière un grillage.
Les collectivités ont un temps songé à préserver plusieurs éléments du patrimoine. Une commission réunissant élus, architectes, historiens, anciens de Lambiotte et habitants, a même été créée pour plancher sur la question. « Il fallait se laisser le temps de la réflexion », rapporte le président de l’intercommunalité, Jacques Legrain. Réflechir pour connaître le coût, financier et écologique, de la mémoire.
Lors d’un récent conseil municipal, la Ville de Prémery a tranché. Si Lambiotte « constitue une page très importante de notre histoire », a-t-il été expliqué, les bâtiments présentant un intérêt architectural sont « très dispersés ». La présence massive d’amiante sur certaines toitures a également dissuadé d’aller plus loin.
Par ailleurs, « réclamer le maintien de ces bâtiments revenait à demander la propriété des sols et… de la pollution », justifie le maire, Gilbert Germain. Qui rêve de redorer le blason de la commune : « Dans le passé, il faut quand même savoir que McDonald’s a refusé de recycler ses huiles de friture dans le coin pour ne surtout pas être associé à l’image de Lambiotte »...
Lambiotte, un site orphelin dont personne ne réclame la paternité. « Le principe de précaution prévaut », indique une source proche du dossier. « L’état du sous-sol fait peur. On ne sait pas vraiment ce qui s’y cache et on n’a pas envie de prendre de risques. Les collectivités n’ont pas les moyens ». Selon la municipalité, la pollution des sols « se situerait surtout dans la partie chimie » et « sous les bâtiments ». La présence de benzène est évoquée.
Se souvenir... quand même
La Communauté de communes s’est, elle aussi, refusée à « prendre la propriété ou la responsabilité » des lieux. Mais le président, Jacques Legrain, ne veut pas oublier. Il est prêt à faire table rase du bâti, mais pas du passé. Convaincu qu’« on n’a pas encore fait le deuil » de Lambiotte, il appelle à « conserver une mémoire ». En plus d’un projet de musée virtuel, l’intercommunalité réfléchit à collecter du mobilier et à valoriser un urbanisme local très marqué par l’ère Lambiotte.
La déconstruction du site devrait débuter au premier semestre 2013. En plus d’une desserte routière, qui pourrait préparer une éventuelle reconversion industrielle, Jacques Legrain plaide pour « un aménagement paysager ». Des parcours pédagogiques pourraient être proposés. « Pour qu’on se souvienne de ce qu’il arrive quand on fait n’importe quoi. Et pour montrer que la nature peut reprendre le dessus ».

Stéphane Vergeade/ lejdc.fr/ 31/08/12 - 06H17