dimanche 12 avril 2020

LE LIT DE TRACEY

12 Avril 2020, Rédigé par éducation-programme

Une illustration parlante des voies ambiguës et tortueuses de la reconnaissance, qui montre que le Libéralisme peut aussi soutenir les mêmes formes d'art que les administrations publiques. L'art contemporain se situe quelquefois étonnamment proche de la mise en scène, mais naturellement sans jamais atteindre les moyens d'Hollywood. La mise en scène ou performance, le plus souvent dépouillée et composée d'objets hétéroclites, constitue encore à l'heure actuelle la condition sine qua non permettant d'obtenir une distinction.

En octobre 1999, The Guardian écrit :
Tracey a été appelée d'urgence à la Tate Gallery de Londres pour réinstaller son lit. Un lit aux draps tachés par l'urine, auprès duquel on trouve une petite culotte maculée de sang, un test de grossesse, des préservatifs usagés, des plaquettes de pilules contraceptives, des bouteilles de vodka et des serviettes hygiéniques. Dans ce lit, Tracey Emin a vécu huit jours très pénibles après avoir été laissée par son ami. Comme exutoire, elle décida alors de le conserver, tel quel, sous forme d'installation, pour ensuite le proposer au Turner Art Prize et remporter le prix de 200 000 F.
My Bed, d'après les personnes autorisées du musée est une oeuvre forte, de vérité, qui souligne une innocence sous-jacente...

Le prestigieux prix Turner est régulièrement réévalué.
En 2001, un chèque de 300 000 F a récompensé la réalisation d'art contemporain la plus séduisante de l'année.
C'est Martin Creed qui remporte le prix. Son oeuvre montre une pièce vide avec des murs blancs et, au plafond, l'incontournable néon qui s'allume et s'éteint. Un panneau stipule que l'oeuvre a été réalisée par un artiste issu d'une des écoles d'art les plus réputées de Londres.
Cette année là, le jury composé notamment du directeur de la Tate et d'un conservateur du MoMA à New York explique : le court-circuit de Martin Creed est une proposition audacieuse, ambitieuse et rafraîchissante... Charlotte Prodger, primée en 2018, a quant à elle reçu la somme de £ 25 000, soit environ 28 000 € et a également été choisie pour représenter l'Écosse à la Biennale de Venise.