dimanche 10 novembre 2013

Anatomie et morphologie


L'étude du squelette nous renseigne sur les formes et les proportions.
- Sur les formes, parce qu'en de nombreux endroits les os sont sous-cutanés et prennent part directement à la morphologie.
- Sur les proportions, parce que les os sous la peau peuvent fournir des repères fixes et invariables.
L'étude de l'ostéologie sera complétée par celle des articulations : arthrologie, puis par celle des muscles : myologie.
Le cadre osseux constitue le support anatomique et morphologique essentiel. Lorsqu'il n' est pas sous-cutané, il se trouve recouvert d'une enveloppe musculaire et d'une mince doublure de graisse.
Le squelette fournit des informations sur le caractère propre, par exemple chez la femme l'os iliaque, le bassin, est toujours plus large que chez l'homme.

La Specola à Florence, l'observatoire en italien, qui ouvrit ses portes au grand public le 21 février 1775, expose une collection unique en son genre. Il s'agit de cires anatomiques très détaillées et mises en scène dans des positions et gestes de la vie courante. Non seulement l'illustration anatomique est représentée en volume mais elle est également montrée de façon spectaculaire ce qui tranche radicalement avec les représentations habituelles gravées sur bois ou sur cuivre. Elle atteste aussi de cette tradition des dissections de cadavre humain qui remonte à la Renaissance et qui, au XVIIIème siècle, deviendra d'ailleurs un spectacle public payant et suivi avec intérêt.

Plusieurs méthodes de travail et certains moyens de contrôle facilitent le dessin d'un corps humain.
- Le canon égyptien : 19 fois le doigt médium dans la hauteur totale du corps.
- Le canon de Polyclète : la largeur de la main sert de référence.
Dans la statue du Doryphore la distance du sol au milieu de la rotule est égale à celle de la rotule au col du fémur ; de celui-ci au sommet du sternum et enfin à la largeur des épaules.
Dans la majorité des canons la tête a été prise comme unité. Huit fois dans la plupart des statues grecques dont le bas-ventre, en station debout, constitue le milieu du corps. Dans le canon dit "des Ateliers" la tête y est comprise sept fois et demi et l'extrémité des bras pendant le long du corps correspond généralement au milieu de la cuisse.

Les bras placés en prolongement, en position horizontale, et augmentés par la largeur des épaules constituent l'envergure. Les rapports de la taille avec l'envergure ont été exprimés dans la formule dite du "Carrés des Anciens", la figure humaine s'inscrivant alors dans un carré. Léonard de Vinci a complété cette figure en y superposant un sujet avec les jambes écartées inscrit dans un cercle dont le centre est l'ombilic.

L'art du nu académique
On entend généralement par "nu académique", d'abord un grand dessin, ensuite une peinture ou plus rarement une sculpture, représentant un ou plusieurs nus, nommé "académie", celle-ci se fait d'après un modèle vivant. C'est également le cours dispensé obligatoirement jusqu'en 1970 dans toutes les écoles des Beaux-Arts. L'exécution du nu est soignée et toujours figurative. Le corps doit être lisse et glabre avec un modelé travaillé et, si possible, sans construction apparente. Les poses sont variées et la référence originelle à la mythologie prendra avec le temps une importance secondaire.
De tout temps l'homme a aimé contempler un joli corps de femme, avec ou sans artifices. Quoi de plus naturel en somme que de se le représenter en dessin, en peinture, et l'artiste du XIXème siècle s'impose comme un incontestable spécialiste du genre.
Et le peintre, ou le sculpteur, aura toujours l'avantage sur le photographe de pouvoir regarder deux fois son modèle, de l'observer en nature et en train de se faire.


Mine de plomb

Academic Nudes of the 19th Century

William-Joseph Barbotin, Etudes académiques, Beaux-Arts de Paris

Ayant passé la barrière des épreuves comme les concours de Tête d’expression et de Torse, les élèves des Beaux-Arts peuvent arriver au concours du Prix de Rome. Celui-ci est ouvert à tout élève de sexe masculin et français ayant moins de trente ans. On trouve pour cette épreuve de jeunes garçons passés très tôt dans des ateliers privés et des « barbus » beaucoup moins jeunes.
Chaque année de nombreux participants se présentent aux trois épreuves. Ils doivent tout d’abord, en une journée, exécuter une esquisse sur un thème donné. Après une première sélection quinze jours plus tard, les concurrents retenus repartent pour une seconde épreuve : l’étude du nu d’après modèle vivant.
Les deux épreuves sont jugées conjointement et doivent obtenir l’agrément de la moitié du jury.
Alors, les quelques finalistes autorisés à « monter en loge », pour une durée de douze heures, exécutent une nouvelle esquisse, toujours d’après le sujet imposé, qui doit être très proche du tableau définitif. Ensuite, les prétendants au Prix auront 72 jours pour travailler un définitif sur une toile tendue sur châssis mesurant 1m13 x 1m46. Un grand prix ainsi qu’un second et deux autres prix sont généralement attribués.
Cf/ Cécile Ritzenthaler, ed. Mayer – Paris 1987


Lucien Penat, figure gravée d'après nature - 1902



Jean Coraboeuf, figure gravée d'après nature - 1898



Paul Canard, figure dessinée d'après nature - 1885



Albert Legrain, figure dessinée d'après nature - 1887

Dans l'enseignement du dessin selon les méthodes académiques françaises, l'élève s'exerce au dessin par la représentation d'un modèle posant nu, ce genre de dessin s'appelle académie.
La nudité n'allant pas dans les sociétés occidentales sans une certaine réprobation, principalement en ce qui concerne les parties du corps à caractère sexuel, il fallait une justification pour le dessin de nu. Pour Roger de Piles, le nu n'est pas une fin en soi, mais une étape de la formation de l'artiste et de l'exécution de la peinture ; il s'agit selon ce dernier : « avant que de disposer les draperies, dessiner le nu de ses figures, pour former des plis sans équivoque, et pour conduire si adroitement les yeux, que le spectateur s'imagine voir ce que le Peintre lui couvre par le jet de ses draperies. »
Allant plus en profondeur, l'artiste doit connaître l'anatomie, pour comprendre le mouvement des os et des muscles qui donnent forme à ce que l'on voit du corps ; c'est pourquoi le dessin de nu est aussi appelé « anatomie ».
La référence à l'Antique et la valorisation esthétique de la statuaire grecque et romaine rendaient aussi la nudité acceptable, voire nécessaire, pour les personnages mythologiques, allégoriques ou religieux. Même dans la religion chrétienne, certains sujets la justifient ou l'exigent, comme le baptême et la crucifixion du Christ, le martyre de Saint-Sébastien…


La Folie de Titania, Paul Gervais, 1897
huile sur toile - 350 x 520 cm
Achat au Salon en 1897, dépôt de l'Etat en 1905, Musée des Augustins, Toulouse

Le Songe d'une nuit d'été (A Midsummer Night's Dream), comédie de William Shakespeare.
C'est une histoire complexe dont l'action se déroule en Grèce et réunit pour mieux les désunir deux couples de jeunes amants : Lysandre et Démétrius d'une part, Hélèna et Hermia d'autre part. Hermia veut épouser Lysandre mais son père, Égée, la destine à Démétrius, dont est amoureuse Hélèna. Lysandre et Hermia s'enfuient dans la forêt, poursuivis par Démétrius, lui-même poursuivi par Hélèna. Pendant ce temps, Obéron, roi des elfes, a ordonné à Puck de verser une potion sur les paupières de sa femme, Titania. Il entre dans la forêt avec Puck. Pendant la nuit, la confusion règne.
La scène la plus connue est l'apparition de Bottom, qui porte une tête d'âne, avec Titania, qui, par la magie de Puck, en est tombée amoureuse.