vendredi 21 novembre 2014

La Compagnie des Eaux

Compagnie des Eaux Minérales de Pougues et de Carabana
Administration, 15 & 17 rue Auber à Paris

Station des Dyspeptiques et des Neurasthéniques - Cures d'air et de repos
Établissement Thermal ouvert du 1er juin au 30 septembre
Pougues, sources Saint-Léger et Alice, eaux de régime, des faibles et des convalescents.

L'eau de la source Alice est la seule indiquée dans le traitement de la tuberculose par la récalcification.
Eau minérale naturelle Carabana, purgative, dépurative, antiseptique. Effet certain, rapide et doux - Un verre à bordeaux matin et soir.





mardi 18 novembre 2014

Kenyon Cox





Kenyon Cox, né le 27 octobre 1856 à Warren (Ohio) et mort le 17 mars 1919 à New York, est peintre, illustrateur et écrivain.
Kenyon Cox étudie d'abord à l'Art Academy de Cincinnati avant de suivre les cours de la Pennsylvania Academy of Fine Arts à Philadelphie. En 1877, il part pour Paris où il est l'élève de Carolus-Duran puis de Jean-Léon Gérôme, Alexandre Cabanel et Henri Lehmann à l'école des Beaux-Arts de Paris. En 1882, il rentre aux États-Unis et s'installe à New York. Il peint mais réalise aussi des illustrations, principalement pour des raisons alimentaires, qui lui apportent une certaine notoriété. Il écrit par ailleurs des critiques artistiques pour le New York Evening Post et d'autres magazines, comme The Nation, Century ou Scribner’s. En 1883, il publie un premier poème qui remporte un certain succès dans les cercles artistiques. En 1892, il épouse Louise Howland King, l'une de ses étudiantes à l'Art Students League of New York.

À partir de 1893, Kenyon Cox se consacre de plus en plus à la peinture murale. Il remporte en 1910 la médaille d'honneur de la peinture murale décernée par l'Architectural League et devient président de la société nationale des peintres muraux de 1915 à 1919.

samedi 15 novembre 2014

Hôtel du Parc





Hôtel du Parc à Saint-Honoré-les-Bains

Castel du Parc :
Construction réalisée pour le docteur Breuillard, entre 1885 -1888 ainsi que le Castel des Cèdres qui lui fait face, avec la même roche aux délicates nuances multicolores extraite de la carrière de la Hâte, toute proche. La reine Isabelle II d'Espagne, en disgrâce, exilée en France, fit plusieurs séjours à Saint-Honoré. Elle demeura un temps dans la suite située au premier étage du Castel du Parc qui conserva son linge de chambre jusqu'au milieu des années 1970. Jules Renard, dans ses mémoires, fait allusion à la royale présence.
Acheté par la Société thermale qui y fit des agrandissements en 1920. Il connut différents propriétaires avant de fermer dans les années 1970. L'hôtel du Parc, plus grand édifice de Saint-Honoré avec les Thermes et l'hôtel du Morvan, appartient à un Italien mais est laissé à l'abandon depuis plusieurs années. Il est en ruines, la toiture est éventrée ainsi que la façade arrière. Il est pourtant inscrit à l'inventaire du patrimoine notamment, pour l'importance de sa toiture couvrant un ensemble de volumes subtilement agencés.


lundi 10 novembre 2014

Les Donneuses d'eau

UNE PROFESSION AU COEUR DU THERMALISME FRANÇAIS (1840-1914)

Éric Jennings
Publications de la Sorbonne | Sociétés & Représentations
2014/2 - N° 38 pages 143 à 170
http://www.cairn.info/revue-societes-et-representations-2014-2-page-143.htm
Pour citer cet article :
Jennings Éric, « Donneuses d'eau. Une profession au coeur du thermalisme français (1840-1914) »
Sociétés & Représentations, 2014/2 N° 38, p. 143-170. DOI : 10.3917/sr.038.0143

------------------------------------------------------------------------------------------------------------

La question des donneuses d’eau dans les stations thermales françaises du XIXe siècle procède de plusieurs historiographies. Elle relève d’abord de l’histoire des femmes. De jeunes provinciales trouvèrent dans cette activité une rémunération un moyen éventuel d’ascension sociale, dont l’exemple le plus connu reste sans doute celui de Coco Chanel, qui s’adonna à cette activité à Vichy en 1906. Elle relève ensuite de l’histoire médicale.
Dans le monde hautement ritualisé de la crénothérapie, et plus particulièrement de la cure de boisson, la donneuse d’eau se situait entre le buveur et le griffon, entre la source et le malade. Au carrefour de la science et du sacré, elle occupait un espace unique, mais contesté. Elle faisait partie intégrante de l’encadrement médical de la cure, à tel point que certaines donneuses d’eau se virent citées dans des articles scientifiques. Mais d’autres hydrothérapeutes virent en elles un intermédiaire inutile, voire nocif, entre le malade et les bienfaits d’une eau pure et originelle. La donneuse d’eau relève enfin d’une approche spectaculaire, ou tout au moins visuelle, de la station thermale. Cet emploi réservé aux femmes ne manqua pas d’être fortement remarqué par la clientèle masculine, comme en témoigne sa représentation dans les poèmes, chansons et dessins, notamment. On retiendra à ce propos l’utilité du concept de para- sexualité élaboré par Peter Bailey dans un article sur l’ère victorienne.  
Enfin, et paradoxalement, la donneuse d’eau se situait également aux marges de la station, de la cure et de la société : vêtue d’un costume régional alors que celui-ci s’éteignait, incarnant une identité locale face à une clientèle internationale, figurant rarement dans les registres et autres documents d’archives, c’est principalement dans les sources visuelles, littéraires, périodiques et spécialisées que l’on retrouve sa trace. Alors que depuis quelques années les donneuses d’eau ont refait leur apparition à Vichy, une analyse de leur rôle et de ses représentations peut apporter un éclairage social et de genre sur une profession entièrement féminine, indissociable d’un secteur lui-même complexe, entre médecine, tourisme, loisir et rituel.

Qu’était-ce qu’une donneuse d’eau ?
Le nom même semble renvoyer à l’Antiquité ou aux donneuses d’eau bénite. Il est difficile d’établir l’origine de l’activité thermale moderne avec précision. Un ouvrage datant de 1734 signale des « femmes qui distribuent l’eau aux fontaines » de Spa. D’après ce texte, aux sources de la Souveraine et de la Géronstère, ces femmes remettant l’eau aux buveurs, affirmaient par ailleurs pouvoir présager la pluie à partir de leurs « fontaines », prophétie validée et confirmée par un médecin de Spa, ce qui suggère une relation de savoir particulièrement intrigante… Leur rôle consistait à puiser l’eau à la source thermale, puis à la remettre à la buveuse ou au buveur venu en cure.
Empêcher le curiste de se servir soi-même relevait de plusieurs considérations : la manœuvre rappelait la fonction de serveuse et renvoyait sans doute à une image de domestique, elle reflétait peut-être un souci de parcimonie et de sociabilité thermale, mais, à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle, elle trahissait surtout le désir de maîtriser, de doser et de réguler les intervalles d’ingestion et les quantités d’eau minérale consommée. À ce titre, les donneuses d’eau faisaient partie d’un ensemble disciplinaire, censé contrôler les pratiques corporelles tout au long de la cure.
Elles incarnent en outre une spécialisation certaine. Contrairement aux masseuses ou autres « baigneuses », les donneuses d’eau ne participent qu’au processus de cure de boisson. Appuyées sur les parois de la buvette, placées parfois en contrebas des buveurs comme aux sources Mesdames et de la Grande-Grille à Vichy, ou encore à la source Eugénie de Royat, elles sont intimement liées à la cure de boisson. 
Il va sans dire que les carrières proches du sommet de la lucrative filière thermale étaient hors de portée des femmes, ou tout au moins de l’écrasante majorité d’entre elles. Le 8 juillet 1882, la Revue des villes d’eau de l’Est claironnait l’arrivée d’une femme médecin à Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne).
Madame le docteur Ribard devenait  ainsi, d’après le journal en question, la neuvième femme française à prononcer le serment d’Hippocrate (même si les femmes médecins étrangères étaient selon cette source relativement  nombreuses à exercer dans l’hexagone à cette même époque). Les donneuses d’eau ne s’apparentaient certainement pas à ces médecins :
Issues de milieux modestes, provinciales pour la grande majorité d’entre elles, n’ayant pas poursuivi de longues études, elles pratiquaient parfois plusieurs emplois, dont celle de donneuse pendant la saison estivale car, dans la majorité des stations, le thermalisme ne demeurait qu'une activité saisonnière.




C'est d'ici, sous la verrière du Pavillon des Sources, près des deux fontaines roses, qu'opéraient les Donneuses d'eau.
Toutes, n'étaient pas aussi jolies que Charlotte, peinte en 1908 par William Godward, dans son seyant sarrau à l'antique couleur safran.
Toutes, n'étaient pas non plus aussi dévêtues que le charmant modèle, perché sur son tabouret, représenté par luis Falero.
Mais les Donneuses d'eau se devaient toujours d'être aimables et souriantes avec les curistes.
Pleines d'attention, elles offraient aux visiteurs de passage un gobelet ou une coupe d'eau curative et bienfaisante.
Protocole
Tout baigneur qui désirait suivre un traitement devait en faire la déclaration au bureau de l'administration. Une carte d'abonnement à la buvette lui était alors délivrée. Cette carte numérotée lui donnait également droit à l'accès au parc de l'établissement et à la circulation dans toutes les propriétés de la Compagnie. Chaque carte était accompagnée d'un verre en cristal de Baccarat gradué en grammes. Ce verre, déposé à la buvette, permettait au buveur, contre la présentation de sa carte et le dépôt d'un ticket, d'aller boire facilement à toute heure.
Le verre, sur lequel les donneuses d'eau marquaient le numéro de la carte, était conservé par le baigneur après sa cure.
http://marc.verat.pagesperso-orange.fr/v1.htm