« On dit avec raison que nous vivons au siècle de la publicité.
Si, avant la guerre, certaines entreprises étaient encore réfractaires à la publicité, il n’en est plus ainsi aujourd’hui où nous voyons ce secteur important des affaires pénétrer de plus en plus dans nos mœurs. Cette vague de publicité s’accentue chaque jour et déferle sur toutes les branches de la production. Aussi, les temps où il fallait convaincre les commerçants, les industriels, de son utilité sont-ils révolus. Tout le monde semble d’accord pour reconnaître que la publicité est une force qui a édifié pas mal de fortunes retentissantes et avec laquelle il va falloir compter très sérieusement désormais. »
J. Pitteraerens, La Publicité en France - Bruxelles 1923
Acheter : sens interdit !
L’essence même de l’homme : ses sens. C’est censé ce que je dis : on voit, on sent, on entend, on souhaite toucher, goûter… On encense les produits et le sens est très clair : achetez ! Consommez ! C’est une voie sans issue, nous sommes sans arrêt censurés par le diktat de la consommation et ce, en dépit de tout bon sens...
Modèle Fanny Philippe - 28 ans
Photographies
Pentax 8.0 mégapixels et Pentax Spotmatic F
Dessins et compositions
Crayons noirs et couleurs Faber-Castell
La conquérante
Elle est là cette fille, figée, souriante
Pimpante malgré le froid, toujours conquérante
Jamais elle ne se lasse, ni ne se froisse
On n’se doute pas mais son métier c’est la chasse
Halo étincelant, lumineux dans la masse
Nos achats, sans crainte, ni scrupule elle régente
Intemporelle, quand les lendemains déchantent
La pub, c'est chic !
Fausse pudique que toi pub, où est ton public ?
Punaise tu pullules, impudente et cynique !
Ton droit de cité incite sans un hic !
Tu cibles et abrutis sans bruit, c'est frénétique !
Pour toi rien que pour, toi poudre magique
On part en embuscade sans but et sans fric
Plus belle par la pub c'est ubuesque mais c'est chic !
Rédigé par Fanny Philippe
L’affiche s’affiche
Toute campagne de communication visuelle implique une certaine efficacité. Celle-ci doit être perçue et comprise rapidement par le plus grand nombre. Dès la Belle Epoque avec Jules Chéret et après Toulouse-Lautrec, l'affiche se simplifie dans son dessin et son texte, ses couleurs sont vives afin d’attirer le regard du passant-consommateur.
En 1894, Alfons Mucha sort de l’anonymat grâce à la réalisation de l’affiche « Gismonda » pour Sarah Bernhardt, il devient salarié de l’imprimeur Champenois, une des plus grandes maisons de la Belle Epoque, qui fut notamment à l’origine des panneaux décoratifs.
Au départ collée directement sur les murs, dans les lieux publics, sur les colonnes Morris, l'affiche est maintenant majoritairement apposée sur des emplacements réservés et bien entendu payants : panneaux d'affichage, mobilier urbain, abribus notamment.
Un moyen d'information, d'expression mais aussi de conditionnement !
Si l’affiche fait son apparition peu après l’invention de l’imprimerie, elle est alors essentiellement utilisée par les autorités comme média d’information. Il faut attendre 1796 et la mise au point par l’Allemand Senefelder de la lithographie pour qu’elle soit diffusée plus largement et que son usage se diversifie. Au milieu du XIXème siècle, la révolution industrielle, l’urbanisation croissante et le perfectionnement des techniques de production fournissent à l’affiche moderne sa raison d’être. La « réclame » envahit les murs des villes, et l’affiche devient un média de premier plan pour vanter les mérites des produits les plus divers.
Les campagnes publicitaires sont particulièrement révélatrices de l'esprit, des modes et coutumes. Présentes dans la vie quotidienne, elles constituent un outil appréciable pour comprendre quel rapport le public entretient avec tel ou tel sujet, tel ou tel objet. Ces campagnes ne manquent pas de refléter les préjugés, les interdits ou au contraire, la fin de certains tabous.
« La publicité a pris, depuis quelques années, un développement dont on connaît l’ampleur et les excès. L’efficacité de son action sur les masses, l’utilisation toujours plus large de ses méthodes ont précipité ses progrès, étendu son domaine, accentué son indiscrétion. Affiches et panneaux-réclame foisonnent en ville et hors ville, le long des voies ferrées et des routes, déployant leurs rectangles bariolés sur les murs ou les haussant en plein champ, marquant trop souvent, semble-t-il, leur prédilection pour les lieux où leur présence constitue une gêne, un écran voire un défi. »
Rapport du 30/10/1935 au Président de la République
« Les industries et commerces qui trouvent un intérêt primordial dans la publicité, comme tous les produits touchant à l’automobile, les hôtels, les villes d’eau, se lancent intensément dans ce genre de publicité. Ils se concurrencent même pour obtenir les meilleurs emplacements ou s’assurer la collaboration de telle ou telle agence qui est plus ou moins bien placée et à même de leur donner satisfaction ».
Agenda Dunod - Paris 1936