mardi 29 juillet 2014

Editions du Puits du Bourg



Les mariniers allaient de tavernes en tavernes pour boire et jouer aux cartes. Alors, quand ils rentraient aux Patureaux rejoindre leurs bateaux, il ne fallait pas les croiser en chemin. Les querelles étaient fréquentes, et les filles qui se donnaient entre les piles de bois du quai de Médine ne facilitaient pas les choses. Entre le grand pont de Loire et le pont Mal placé, qui enjambait la Nièvre, ce n’était pratiquement que des cabarets. L’auberge du Pont-de-Loire, le Soleil Levant, les Trois Raisins et le Petit Matelot, les plus importants, se disputaient la clientèle. Tout à côté du pont, il y avait cependant un établissement qui sauvait la réputation du port de Nevers : l’Hôtel Saint-Louis. Celui-ci hébergeait des marchants et des armateurs qui savaient quand même, mais avec peut-être plus de retenue, jouer et boire tout en lorgnant les belles dames.
Parfois les mariniers allaient jusqu’en ville pour trouver des filles folles de leur corps, comme on disait joliment à l’époque. En 1861, les échevins avaient bien acheté, rue Claude – cela ne s’invente pas – une maison spécialement pour les loger, mais elles étaient restées très nombreuses dans les rues de Nevers.
Cf/ Ma Loire, Hubert Verneret – Camosine n° 156



C'est d'ici, sous la verrière du Pavillon des Sources, près des deux fontaines roses, qu'opéraient les Donneuses d'eau.
Toutes, n'étaient pas aussi jolies que Charlotte, peinte en 1908 par William Godward, dans son seyant sarrau à l'antique couleur safran.
Toutes, n'étaient pas non plus aussi dévêtues que le charmant modèle, perché sur son tabouret, représenté par luis Falero.
Mais les Donneuses d'eau se devaient toujours d'être aimables et souriantes avec les curistes.
Pleines d'attention, elles offraient aux visiteurs de passage un gobelet ou une coupe d'eau curative et bienfaisante.

jeudi 5 juin 2014

Galerie Verdenet au Guétin

La Galerie, 2 rue de l'Impasse

Joël Muzerelle et Marc Vérat


Les Drôles d'Oiseaux de la famille Turbet




lundi 2 juin 2014

Passy-les-Tours


Pendant des années, chaque jour de classe, je voyais les tours en ruine du château de Passy, situé à quelques centaines de mètres de l'école communale.
Certains jeudis - c'était à l'époque le jour sans cours - bravant tous les interdits, j'allais avec mon fère et un camarade téméraire et acrobate dans l'âme, escalader ce qui restait des imposantes murailles et tours.
Nous arrivions à atteindre l'étage situé au-dessus de la salle des gardes, voutée et encore en bon état.
Là-haut c'etait un étrange décor fait d'herbes, de buissons et d'arbres imbriqués les uns dans les autres qui nous attendait et, au-dessus, la voute céleste.
Les tours et leurs différentes salles n'avaient plus aucun secret pour nous !
Parfois ces escapades interdites et non sans danger, dans le moyen-âge, me donnaient de belles frayeurs et il m'arrivait, dans mon sommeil d'enfant, de faire des cauchemars qui avaient pour trame et décor ces ruines.
Ce château, je le connaissais par coeur !
Ces tours, sous une forme ou une autre, se sont retrouvées dans nombre de mes peintures par la suite.
Bien plus tard, retournant sur le terrain, j'en ai fait une aquarelle fidèle, respectant l'architecture de ces pierres témoignage vivant du passé.
Paul Schuss


Rédigé par Michel Hannecart - Publié le 7 Juillet 2014

Un résumé bien court d’une rencontre, il y a maintenant 28 ans.

Lors du comice agricole de Saint-Saulge, en ce mois d’août 1986, Jacqueline et moi présentions quelques pièces de notre fabrication en compagnie d’autres créateurs invités par Monsieur Le Maire, le docteur Lopintho.
La journée s’annonçait douce, le ciel était clair et le carillon de l’église toute proche sonnait 10 heures, mais ce n’est qu’en fin d’après-midi que les curieux commencèrent à affluer et, avec peut-être parmi eux quelques clients. Deux femmes d’un certain âge, d’un abord très agréable et tirées à quatre épingles, se montrèrent intéressées par notre stand. Elles nous demandèrent si nous organisions des stages, par exemple pour des portraits. Ainsi, au fil de la conversation se construisit une connexion, point d’orgue d’un univers qui nous renvoie dans la plénitude du temps. Après un partage de paroles, de sourires, elles nous remirent une carte de visite sur laquelle figurait « Mathilde et Andrée R… ». La première, c’est-à-dire Mathilde, se présentait comme petite main chez Coco Chanel et la seconde, Andrée, comme chercheuse au CNRS, herboriste et grande admiratrice de Théodore Monod.

Nous les invitions donc à venir découvrir le Manoir de Pontillard et son environnement. Le dimanche suivant nous reçûmes leur visite avec au programme, un repas champêtre sous l’ombre d’un tilleul trois fois centenaire.
Enthousiastes, nous avions l’avenir devant nous. La journée s’annonçait radieuse, en couleurs influencées par les mille feux d’un soleil qui mangeait le ciel bleu. Tout en délicatesse, Jacqueline avait installé une table de prince où il ferait bon, sans aucun doute, de tenir le temps avec respect.
Andrée et Mathilde avaient cherché le chemin du Manoir sans remarquer son entrée mais elles avaient fini par trouver cet entre-deux monde, celui qui s’essouffle et celui qui ne garde que l’apesanteur d’un esprit calme et serein.
Avec Jacqueline nous sommes alors descendus main dans la main à leur rencontre. Mathilde, très digne, arborait un large chapeau haute couture couronné d’un voile mauve, elle portait un deux pièces très ajusté d’une couleur lilas et était chaussée de petites ballerines à lacets verts du plus bel effet. Andrée avait adopté une allure plus sportive, pantalon en lin et veste assortie. Que de beauté, c’est magnifique !, déclara Mathilde. Et Andrée de s’exclamer à son tour, c’est beau, oui très beau, métaphysique même ! Elle apprivoisait déjà sa soif de chercheuse. Le paysage était royal, nos pas chantaient le plaisir du partage qui ne manquerait pas de s’ouvrir sur un champ de découvertes.
Après le tour des lieux, nous allions pouvoir profiter d’une forêt d’asperges sauce moutarde, d’un lapin aux pruneaux et d’une salade de fruits à l’orange. Le tout arrosé d’un Sancerre blanc. Bon appétit ! Le café fut servi et, de paroles en paroles, nous apprenions que Mathilde et Andrée étaient deux sœurs sans mari, sans enfant, et qu’elles avaient en quelque sorte tout sacrifié à leur passion. Une dans la dentelle et les étoffes prestigieuses au service de la grande Coco Chanel, et l’autre se passionnant très tôt pour la botanique, la géologie et l’herboristerie. Andrée effectua de nombreuses observations, passionnée par la découverte de nouvelles espèces, avec ses convictions humanistes qui autorisent l’écoute du veilleur du monde…

Aujourd’hui encore, les souvenirs me reviennent, intacts, pleins d’émotion et de mélancolie pour Andrée et Mathilde qui furent deux sœurs, inséparables jusqu’à la mort en 1987.
Elles possédaient depuis de nombreuses années une petite chaumière dans les environs de Rouy, maison toute d’un charme de poupée que nous avons découvert en cet hiver 1986. Nous étions, Jacqueline et moi, confondus par tant de plantes différentes, surtout des moussues. Mais aussi par un labyrinthe d’iris dont les rhyzomes sont utilisés en parfumerie. Ce Noël 1986 fut également pour nous un enchantement, puisque n’ayant pas de chauffage au manoir, nous avions été pris sous les ailes de nos deux protectrices, ravies de notre compagnie au coin du feu. Chaque soir Andrée nous faisait un cours de paléontologie, expliquant la recherche des fossiles rares. A chaque instant, les cours se sont élevés, il était question d’un savoir qui expliquait le pourquoi du comment. Merci mes très chères amies de votre amour de la vie.
Expériences partagées et portraiturées par Jacqueline, Andrée et Mathilde ont bien sûr emporté les trois œuvres dûment signées et datées. Avant de nous quitter Mathilde remit discrètement à Jacqueline une enveloppe à n’ouvrir qu’après leur départ. Celle-ci contenait un chèque de dix mille francs représentant leur contribution aux deux artistes qui allaient bientôt prendre leur envol sous d’autres cieux.

C'est sous un ciel de feuilles mobiles, rempli d'odeurs sophistiquées que s'offre la Canne. Palpable, l'oxygène transporte la grâce de ce palais vert, ce bocage s'abandonne et inspire des reflets colorés sur la palette de l'artiste.
Rituel furtif d'un héron, passage de la belette et du putois, jusqu'au vol d'un hanneton suspendu entre deux vents, virtuosité de la nature vivante qui se déroule au plus près de nos yeux.
La Canne s'arrange, échange des larmes de couleur, des formes de toutes tailles. Fondamentale, la photo-synthèse s'échappe en atmosphère gazeuse. Attachées à la tige par le pétiole, les feuilles respirent et s'inscrivent en notre mémoire pour nous rappeler la marche feutrée du temps.

Au bord de la Canne
Après avoir préparé les perches de saules et monté les lignes, lancé quelques appâts, il nous fallait porter les accessoires afin de bien profiter de cette journée au bord de l'eau. On s'approchait de la Canne soit par le pré jouxtant le manoir de Pontillard, soit en passant par le moulin. Pour traverser cette marée de graminées compactes, hautes avec un sol très marécageux, il fallait se munir de bottes et se frayer un chemin entre deux murs en ruines. Armé d'une petite trique il était nécessaire, d'un coup sec, de couper la base des digitales, des diatomées, des chardons, des acanthes, des absinthes sans évoquer les quantités d'orties.
Lentement nous approchions de l'essentiel, du chant de l'eau rafraîchissant l'atmosphère. Nous arrivions au plus près du bord là où mousses et cressons sauvages ne partagent que la délicatesse agréable, celle qui procure un confort délicieux. Étrange sensation que celle de transporter notre corps au fil de l'eau, matière imprévisible où tout est en symbiose.
La Canne en filigrane s'occupe à fleur d'eau de ses galets polis, de quantités de souches, de graminées où reposent les libellules bleues. Il suffisait de retourner les galets pour se procurer les « portes-bois », ces larves de libellules qui sont de fameux appâts, très appréciés par les goujons et les ablettes.
Cela restait qu'une petite pêche à la ligne, dans les méandres d'une rivière du centre de la France. Mais c'est en cet endroit que le bonheur existe, accompagné de mille lumières phosphorescentes qui vous procurent la maladie d'amour : amour de ses berges qui retiennent les roseaux, les joncs, les algues longues, fines comme des fils d'anges.
Devant, derrière, les pieds à fouiller la vase, la vue toujours tendue sur la ligne, sur son bouchon juste en surface, là où s'écoulent un écrin d'eau et un souffle de vent...

Figuration d'un grand théâtre de vie, la Canne, légitime dans son orgueil, ne varie pas, ne s'écarte pas et marque son attachement avec ce qu'elle a de plus beau. La rivière rassure, surprend, émerveille, il faut la croquer, la savourer, l'aimer en secret, alors seulement nous nous souviendrons de ses jeux d'ombres, de ses remous, de ses écrevisses grises. Déjà le soleil tombait dans ses nuages vifs argent et l'horizon courrait ailleurs, autour d'un monde impossible à franchir.
De la virtuosité il n'y a qu'un pas ! Tout cela pour capturer et retenir nos rêves. La Canne, fine bande d'eau incrustée d'étoiles, prend ses aises et s'étire, se faufile ou parfois somnole. Mais la Canne veille éternellement sur son fil de soie et nos souvenirs.



Sentier de Vie - Publié le 18 Juin 2014 - Joux-La-Ville le, 15/06/2014
Cher Marc, Peut-être que mon chemin ne représente qu'un décor desouvenirs ?

lundi 12 mai 2014

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