jeudi 23 avril 2015

La cicatrice industrielle

Lambiotte dans la Nièvre, ancienne place forte de l’industrie chimique, offre aujourd’hui une vision glaciale de carcasses métalliques et de hangars en ruines. Sans parler du sous-sol, qui a refroidi les collectivités.
La Ville de Prémery et la Communauté de communes ne conserveront aucun bâtiment de Lambiotte. Être propriétaire des pierres, cela signifiait être responsable du sol. Justement le problème... Seules deux petites tours devraient rester en place.
C’était une usine, c’est devenu un monstre. Il n’en restera quasiment rien. La municipalité de Prémery et la Communauté de communes Entre Nièvres et Forêts viennent de renoncer à l’idée de conserver le moindre bâtiment sur le site Lambiotte, qui a fermé ses portes fin 2002. Selon un arrêté préfectoral datant du 21 septembre 2010, seules deux petites tours en pierres devraient être sauvées.

Depuis dix ans, l’ancienne entreprise chimique, spécialisée dans la carbonisation du bois, est une ombre terrifiante qu’un vaste chantier de dépollution, placé sous haute sécurité, s’emploie à chasser. 1.600 tonnes de produits dangereux ont été évacués.
« Il y a quelques années, on a vu des fûts exploser et sauter à dix mètres du sol », rapportent plusieurs témoins. Aujourd’hui, Lambiotte est enfermée derrière un grillage.
Les collectivités ont un temps songé à préserver plusieurs éléments du patrimoine. Une commission réunissant élus, architectes, historiens, anciens de Lambiotte et habitants, a même été créée pour plancher sur la question. « Il fallait se laisser le temps de la réflexion », rapporte le président de l’intercommunalité, Jacques Legrain. Réflechir pour connaître le coût, financier et écologique, de la mémoire.
Lors d’un récent conseil municipal, la Ville de Prémery a tranché. Si Lambiotte « constitue une page très importante de notre histoire », a-t-il été expliqué, les bâtiments présentant un intérêt architectural sont « très dispersés ». La présence massive d’amiante sur certaines toitures a également dissuadé d’aller plus loin.
Par ailleurs, « réclamer le maintien de ces bâtiments revenait à demander la propriété des sols et… de la pollution », justifie le maire, Gilbert Germain. Qui rêve de redorer le blason de la commune : « Dans le passé, il faut quand même savoir que McDonald’s a refusé de recycler ses huiles de friture dans le coin pour ne surtout pas être associé à l’image de Lambiotte »...
Lambiotte, un site orphelin dont personne ne réclame la paternité. « Le principe de précaution prévaut », indique une source proche du dossier. « L’état du sous-sol fait peur. On ne sait pas vraiment ce qui s’y cache et on n’a pas envie de prendre de risques. Les collectivités n’ont pas les moyens ». Selon la municipalité, la pollution des sols « se situerait surtout dans la partie chimie » et « sous les bâtiments ». La présence de benzène est évoquée.
Se souvenir... quand même
La Communauté de communes s’est, elle aussi, refusée à « prendre la propriété ou la responsabilité » des lieux. Mais le président, Jacques Legrain, ne veut pas oublier. Il est prêt à faire table rase du bâti, mais pas du passé. Convaincu qu’« on n’a pas encore fait le deuil » de Lambiotte, il appelle à « conserver une mémoire ». En plus d’un projet de musée virtuel, l’intercommunalité réfléchit à collecter du mobilier et à valoriser un urbanisme local très marqué par l’ère Lambiotte.
La déconstruction du site devrait débuter au premier semestre 2013. En plus d’une desserte routière, qui pourrait préparer une éventuelle reconversion industrielle, Jacques Legrain plaide pour « un aménagement paysager ». Des parcours pédagogiques pourraient être proposés. « Pour qu’on se souvienne de ce qu’il arrive quand on fait n’importe quoi. Et pour montrer que la nature peut reprendre le dessus ».

Stéphane Vergeade/ lejdc.fr/ 31/08/12 - 06H17













mercredi 22 avril 2015

Lambiotte - carbonisation du bois et produits chimiques









Au temps des "Lambiotte", l'usine garde son esprit paternaliste. Le patron se doit de connaître chaque ouvrier par son nom et on pratique la politique des petits cadeaux. A la naissance de Georges Lambiotte, en 1928, son père Auguste fait distribuer du vin en quantité aux ouvriers. En 1954, pour la naissance des jumeaux Lambiotte, la tradition est respectée et chaque employé reçoit deux bouteilles de Pouilly. Au moment du départ en retraite, chacun a droit à un cadeau.
On ne produit pas que du charbon de bois à Prémery. De la carbonisation et de la distillation on peut extraire quelque cent-dix produits dérivés comme le formol, l'acide acétique, la créosote, pour ne citer que les principaux sans oublier bien sûr tous les produits à usage pharmaceutique.
La production la plus curieuse reste celles des arômes alimentaires. Lambiotte parfume les confitures, les bonbons, les crèmes. Un arôme renforce le goût du beurre et Prémery sera longtemps l'unique fabriquant de l'arôme à la saveur de fraise des bois - Tagada.
Comme toutes les usines "chimiques", celle de Prémery génère ses nuisances. Il y a l'odeur de la carbonisation qui flotte en permanence. L'odeur est très tenace et finit par imprégner les vêtements. Dans les magasins on entend dire : " Tiens, un Lambiotte est passé par là !" Des fumées noires retombent aussi parfois sur la cité et les eaux polluées ruissellent jusqu'à la Nièvre toute proche. Il existe un risque permanent d'incendie et, en 1947, une explosion dans le stockage du celluloïd provoqua le décès de deux ouvriers. Il n'est donc pas étonnant que le site ait fini par être classé "Seveso".
Extrait des Grandes heures du Mouvement Ouvrier dans la Nièvre/ Maurice Joinet/ avril 2004

vendredi 17 avril 2015

US Army Signal Corps

US Army Signal Corps, rue du Rempart. En prévision d'un conflit pouvant se poursuivre jusqu'en 1924, l'Armée américaine fit venir en France en 1917 une quantité considérable de matériel. Lors de son départ, deux ans après en 1919, une partie importante dudit matériel - sans évoquer les infrastructures - resta sur place.


mardi 7 avril 2015

Photos-souvenirs