L’écriture avec son corollaire la
parole, ne transcrit sans doute qu’une part de nos pensées, mais à
partir du moment où l'on en maîtrise les codes, c'est-à-dire son
alphabet, on peut affirmer que l'idée ainsi transmise sera
relativement précise et fidèle.
Rien de tel avec l'image !
Mais reste son avantage : nul besoin de code, la vision est
forcément " internationale".
Une image c'est tout d'abord une
représentation visuelle, voire mentale, de quelque chose.
Elle
peut être naturelle ou artificielle comme une peinture, une
photographie, tangible ou conceptuelle ; l'image peut entretenir
un rapport de ressemblance directe avec son modèle ou au contraire
en donner une libre interprétation.
Une des plus anciennes
définitions de l'image est celle donnée par Platon : "J'appelle
image d'abord les ombres ensuite les reflets qu'on voit dans les
eaux, ou à la surface des corps opaques, polis et brillants et
toutes les représentations de ce genre".
Le mot image vient
du latin imago, qui désignait autrefois les masques mortuaires.
Dans
le monde romain, l'imago désignait un portrait de l'ancêtre en
cire, placé dans l'atrium et porté aux funérailles. Le droit
d'images, réservé aux personnes nobles, leur permettait d'établir
et de conserver leur lignage.
Des millénaires la séparent de
l'écriture bien plus récente et finalement projection
abstraite de la pensée. L'image abolit le temps et l'espace. Le
monde moderne consacre le règne de l'image pour mieux imposer ses
produits et slogans - la publicité, aujourd'hui, demeure un fait
omniprésent.
L'Image change de forme
"Qu'est-ce
que l'art ? Existe-t-il en dehors de l'art d'autrefois ?" - "What
is art ? Can it exist by ignoring the legacy from the past ?"
Le
jour du décès du célèbre peintre Jules Lefebvre, Commandeur de la
Légion d'Honneur, Picasso, alors inconnu, a tout juste trente ans et
ses "Demoiselles d'Avignon" en ont quatre.
Sous prétexte
de recherche, de modernité et d'innovation, l'Image désormais
change de forme, peut-être davantage pour le pire que le meilleur
?
D'un XXe siècle riche en diversités, les institutions et
l'histoire de l'art retiennent et mettent en exergue surtout les
formes d'expression plastique dont l'objectif consiste principalement
:
- soit à se manifester sur un mode sommaire et iconoclaste,
-
soit à retrouver la source primitive et instinctive de l'acte
créateur... Et la Peinture, en particulier
figurative, se trouve arbitrairement mise à l'index.
L'Image comme moyen de propagande
La
crispation bipolaire, URSS-USA, qui définit la Guerre froide pendant
plus d'une décennie est également culturelle puisque les deux
puissances se combattent aussi par l'intermédiaire de l'image.
Dès
1946, le ministère des Affaires Étrangères des États-Unis
participe au financement de deux grands programmes d'expositions de
peintures, vitrine de l'excellence de l'Art américain, amenées à
voyager en Amériques du Sud et surtout en Europe.
Afin de
promouvoir ladite excellence, le sénateur Fullbright établit
parallèlement un programme de bourses permettant à des milliers
d'intellectuels de tous pays d'effectuer le « Grand tour »
américain afin d'admirer sa richesse culturelle.
Il s'agit,
notamment, d'affirmer et d'établir l'émergence d'une nouvelle école
spécifiquement américaine, c'est-à-dire l'Expressionnisme abstrait
avec J.Pollock, M.Rothko, A.Gorky... Cette école qui reste une
construction étroitement liée au contexte de la guerre froide sera
soutenue par des fondations, des musées, des universités. Le
Rockefeller Brother Fund et le Musée d'Art Moderne de New-York ont
ainsi largement promu en Europe le Nouvel Art en organisant nombre de
publications et expositions...
L'influence des Etats-Unis dans tous
les domaines culturels reste encore aujourd'hui prépondérante et
les collections des Musées d'art moderne et contemporain ne sont que
le reflet des expositions du Musée d'art moderne de New-York,
acronyme MoMA, inauguré en 1929.